Insaisissables
Pur divertissement pas déplaisant, Insaisissables pêche surtout par la volonté de son réalisateur d'en mettre plein les mirettes à grands coups de travellings circulaires qui finissent par donner un léger mais indéniable sentiment de nausée.
Au sein de la boîte de production Europa appartenant à Luc Besson, le cinéaste et producteur français n'aura pas fait émerger de réalisateurs de films d'action vraiment talentueux mais certains auront quand même connu une petite carrière à Hollywood. C'est le cas de Louis Leterrier qui présente cet été son blockbuster au budget moyen financé par un studio de taille moyenne (Summit/Lionsgate qui distribue les sagas Twilight, Hunger Games et Kick-Ass) avec un casting de stars mais pas trop et un scénario aux ambitions limitées à la seule distraction du spectateur. Ecrit comme cela, c'est un peu méprisant mais de la part du réalisateur des deux premiers Transporteur (2002, 2005), de l'Incroyable Hulk (2008), du Choc et de la Colère des Titans (2010 et 2012), on ne peut guère en demander beaucoup. Et le résultat est plutôt plaisant. D'abord parce que le scénario, malgré son caractère répétitif (les trois grands numéros de magie annoncés donnent la construction du film) et rocambolesque (l'explication des trucs des magiciens prouve bien que seul le cinéma peut proposer d'aussi extravagants mécanismes !), propose un suspense classique mais bien amené : quatre magiciens plus ou moins connus sont regroupés par un mystérieux commanditaire qui va d'une part, leur permettre d'accéder à la gloire et, d'autre part, leur demander d'exécuter de spectaculaires braquages. Il s'agit d'un bon vieux whodunit et le pléthorique casting constitue son lot de suspects. Très largement masculin – les personnages féminins (Mélanie Laurent et Isla Fischer) y sont négligés –, il contribue à provoquer la sympathie du spectateur. Ainsi, Jesse Eisenberg en magicien prétentieux, Woody Harrelson en mentaliste lunaire et Mark Ruffalo en superflic dépassé sont d'agréables protagonistes supportés par Michael Caine et Morgan Freeman en plus ou moins méchants et au minimum syndical (ce qui est ici largement suffisant). Pour assurer la part de spectaculaire, Leterrier ne ménage pas ses effets ce qui, sans doute, est un peu malheureux. Comme un magicien dans l'émission de Patrick Sébastien, le film en fait trop, se dandine dans un costume à paillettes, insiste sur ses vannes, bref ressemble à un numéro de Burt Wonderstone. Le cinéaste abuse des travellings circulaires – parfois spectaculaires –, des reflets de lumière sur l'objectif, du surdécoupage… Bref si la caméra ne tremble pas, un léger mais réel sentiment de nausée se fait ressentir. On lui préfère – mon dieu, quel snobisme ! – la caméra aérienne de Terrence Malick qui, si elle se fait très mobile et multiplie les contre-plongées, reste un festival visuel de toute beauté (même si la dernière fois, c'est un léger mais réel emmerdement qui s'est fait ressentir).
nolan
Note de nolan : 2
Note d'Antoine Rensonnet : 2
Insaisissables (Louis Leterrier, 2013)
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