Lone Ranger
Le film aurait pu ne pas être trop antipathique s'il avait été moins prétentieux dans son discours simplet. Il échoue également à mélanger les genres. Seul le personnage de Tonto est une (relative) réussite.
Visiblement très fier de son propos simplet (le progrès = l'argent, l'argent = le mal donc le progrès = le mal), Lone Ranger le martèle durant les deux heures trente de divertissement sans que le discours ne fasse l'objet d'une quelconque élaboration. Aussi, ce qui aurait pu être toléré s'il n'avait été qu'un rouage du blockbuster, rend le long-métrage fort prétentieux. C'est là la plus grosse boursouflure d'un film qui en compte tout de même beaucoup. Notons ainsi que l'humour souvent grossier ne fait que très rarement mouche, que les personnages peinent à exister et que ceux-ci sont parfois, particulièrement les femmes, inutiles et agaçants. Soulignant le mauvais traitement subi par les Indiens (mais aussi par les Chinois et, histoire d’être complet, les Noirs), il rappelle que la naissance de l'Amérique moderne ne s’est faite pas sans heurts – ce qui achève de le rendre très indigeste. Il est certes louable que cinéaste et son acteur principal fassent montre d’un peu d’ambition mais le résultat ne flatte pas l'intelligence du spectateur et ne rend pas hommage au western. Sans nul doute, Verbinski et Depp auraient dû se limiter aux joyeusetés qui avaient fait le succès de Pirates des Caraïbes (2003, 2006 et 2007), gros jouets reprenant l'attirail d'un genre alors dépassé. Johnny Depp sait d’ailleurs toujours créer des personnages et compose un Tonto truculent et sympathique. Cela ne suffit pas du tout à sauver le film qui, en sus, a ajouté à ses objectifs celui de mélanger les genres (western, comédie, drame et, notamment dans la séquence finale, le burlesque – on pense au Mécano de la ‘‘Général’’ de Buster Keaton en 1926). Pas de bol, les sauts de l'un à l'autre sont bien trop lourds. Un ratage donc, qui aurait fait, en moins de deux heures et avec un peu plus de modestie, un agréable passe-temps.
nolan
Note de nolan : 1
Lone Ranger, naissance d'un héros (Gore Verbinski, 2013)
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