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Le Loup de Wall Street

8 Janvier 2014 , Rédigé par Antoine Rensonnet Publié dans #Critiques de films récents

En version ultra-longue de trois heures, la bande-annonce du Loup de Wall Street reste fidèle à l’originale. Ce film, si cool et si parfaitement vide, est donc un sacré divertissement. Mais un Scorsese mineur.

Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio)

Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio)

Le Loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013)

 

Le plus terrible peut-être, c’est cette signature de l’artiste en forme de pied-de-nez. En un plan, Martin Scorsese s’attarde sur l’agent Patrick Denham (Kyle Chandler). Celui-ci, après avoir enfin fait tomber le courtier Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio), rentre chez lui. Dans un sombre tramway, les corps sont uniformément laids, fatigués et exhalent la pauvreté. Et Scorsese, ironique, de nous tendre ce désagréable miroir en nous glissant à l’oreille : « Alors, ça, ce serait un vrai sujet ? Allons, donc, au bout d’une demi-heure, vous demanderiez grâce. Au lieu de quoi, vous êtes vissés sur votre siège depuis trois heures – en en demandant encore ! » Le bougre n’a pas tout à fait tort. Pourtant, il ne suffit pas de décréter, avec une belle assurance performative, que le monde est horrible et que le spectateur se rend au cinéma pour s’en éloigner, pour offrir un semblant de fond à un film pensé pour en être dépourvu. Bref, un plan moralement abject ne transforme pas une farce gonflée à l’hélium en chef-d’œuvre…

Naomi (Margot Robbie) et Jordan Belfort

Naomi (Margot Robbie) et Jordan Belfort

Pour le reste, Le Loup de Wall Street s’affiche comme l’exact contraire de ces quelques secondes qu’il faut mieux oublier : explosions de lumière – solaire ou artificielle –, hommes bien habillés et filles à poil (ou l’inverse mais quand même plutôt dans ce sens), argent à gogo, et, surtout, pour éviter le réel, drogues, drogues, drogues. De bons ingrédients pour un show qui tient ses promesses 180 minutes durant. Non grâce au discours – il n’y en a pas –, aux personnages – ils sont à peine esquissés – ou à l’histoire – vue et archi-revue – mais par la seule virtuosité de Martin Scorsese. Le réalisateur septuagénaire délivre une leçon hype, cool et toc qui réussit même à n’être pas dénuée de tout bon goût puisqu’elle rappelle que, pour éblouir, le cinéma a plus besoin de musique (l’utilisation de la bande son est à couper la souffle) que de 3D. Demeure, à l’issue de la dérive rythmée de Jordan Belfort, cette interrogation : est-ce parce qu’ils sont si enneigés que les sommets du héros, pauvre Scarface des temps modernes, apparaissent si peu élevés et, partant, son inévitable chute si peu douloureuse ?

Jordan Belfort

Jordan Belfort

Antoine Rensonnet

 

Note d’Antoine Rensonnet : 3

Note de nolan : 4

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A
En soi, ce n'est pas vraiment choquant. Cela illustre, d'une part, à la chute du courtier confronté à un monde médiocre - mais seulement médiocre, pas dégoûtant - et montre, d'autre part, justement la vraie médiocrité de ce monde qui est de vouloir ressembler à Jordan Belfort.<br /> Mais, il y a, c'est vrai aussi, ce plan du métro intervenu juste avant qui pousse la signification de cette ultime scène.
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N
Par ailleurs, Scorsese ne se limite pas à la scène du métro, il insiste lors du plan final en renvoyant le spectateur à ceux qui apparaissent à l'écran suivant le cours de vente de Belfort.
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N
Je suis tout à fait d'accord sur la grande qualité de la mise en scène de Scorsese. Quel virtuose ! On en a plein les yeux et les oreilles. <br /> 2h59, c'est un tout petit peu long quand même. Quoiqu'il en soit, j'ai beaucoup, beaucoup ri. Je pense que c'est le film le plus drôle de 2013.
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