Bilan cinématographique 2014 (nolan)
Que dire ? Que dire ? Cette année ce sont seulement 32 nouveautés vues en salles même si avec le raccourcissement de la chronologie des médias, j'ai pu rattraper quelques films, mauvais pour la plupart, mon top 10 de films pas vus est sans doute plus intéressant. En effet, beaucoup de films loupés, parfois pour de mauvaises raisons que j'aborde très rapidement dans le top 10 ci-dessous :
TOP 10 des films non vus cette année :
- Mommy (Xavier Dolan) Complètement refroidi par la critique assassine des Amours Imaginaires par mon très cher Antoine, j'ai choisi de me passer de ce film plébiscité. C'est en lisant les jolis mots d'Edouard que j'ai changé d'avis. Trop tard, le film n'était déjà plus à l'affiche. Je compte sur le festival Télérama pour corriger le tir.
- Winter's Sleep (Nuri Bilge Ceylan) 3H15. Donc voilà, tout est dit. Et en plus je sais que c'est idiot puisque j'ai depuis rattrapé La Vie d'Adèle (Abdelatif Kechiche, 2013) dont je n'ai même pas vu passer les 180 minutes...
- Nymphomaniac (Lars Von Trier). A cause des critiques un peu tièdes.
- Métamorphoses (Christophe Honoré). A cause de la vie qui ne m'a pas laissé le temps de trouver celui-ci pour aller voir celui-là.
- Le Conte de la princesse Kaguya (Isao Takahata). Voir n°4
- Boyhood (Richard Linklater). 2H47, concept idiot. Mais il paraît que non. Donc à voir.
- Bande de filles (Céline Sciamma). Voir n°4.
- A Most Violent Year (J.C. Chandor). Parce qu'il n'était pas sorti à l'heure où j'écrivais ces lignes.
- Aimer, Boire et Chanter (Alain Resnais). Moi qui aime beaucoup Resnais, je n'avais pas très envie d'aller voir son dernier opus. Et je ne me suis pas forcé. Peut-être une erreur (sur ce point, le Woody Allen 2014 est un bon exemple).
- Leviathan (Andrey Zviaguintsev). 2H27, voir n°4.
Peu de films vus en salle mais tout de même beaucoup plus de films anciens vus cette année. A la faveur d'achat de DVD et de mois gratuit d'offres cinéma sur l'opérateur internet qui m'ont permis d'enregistrer frénétiquement tout un tas de films. Le Petit César (Mervyn LeRoy, 1931), L'Ennemi Public (William A. Wellman, 1931), Un Nommé Cable Hogue (Sam Peckinpah, 1970), Le Crime de Monsieur Lange (Jean Renoir, 1935), Yoyo (Pierre Etaix, 1965)… et d'autres aussi, pas terribles (Les Passagers de la Nuit – Delmer Daves, 1947) et tout justes bons (Le Gaucher – Arthur Penn, 1958) mais qui satisfont tout de même la curiosité du cinéphile (Les Passagers de la Nuit comportant de fabuleuses séquences en vue subjective). Ce fut aussi cela 2014 pour moi.
Ce fut également une grande année pour les séries : alors que 2013 marquait la fin de Breaking Bad (Vince Gilligan), 2014 allait-elle nous faire découvrir un matériau aussi riche et addictif que les aventures de Docteur White et Mister Heisenberg ? Oui, ce fut le cas et dans un format finalement moins usuel : celui de la mini-série. En effet quel sort fait-on au P'tit Quinquin (Bruno Dumont) ? Série ou film ? Nous avons opté pour la première solution. D'abord parce que l'oeuvre a été commandée comme une série par Arte (Quatre épisodes de 50 minutes), ensuite parce qu'accepter P'tit Quinquin comme un film revient également à s'interroger sur Fargo et True Detective. Deux excellentes mini-séries qui ont marqué l'année. Trop compliqué, on fera donc un top séries.
TOP 5 des meilleures séries 2014
- ex aequo True Detective (Nic Pizzolatto) et Fargo (Noah Hawley). Impossible à départager. On aime les deux séries pour des raisons différentes. D'un côté les errements des détectives au fin fond de la Louisiane et aux fabuleuses déclarations misanthropes de Rusty Cohle (Matthew McConaughey) et de l'autre une intrigue si bien calibrée et le parcours d'une des plus belles ordures, Lester Nyygaard (Martin Freeman), qu'il m'ait été donné de voir à la téloche.
- P'tit Quinquin (Bruno Dumont). Dumont tient à la dragée haute à l’Amérique avec Carpentier (Philippe Jore) et le commandant philosophe et tiqué Van Der Weyden (Bernard Pruvost). Répliques hilarantes et situations saugrenues, la série de Dumont ne manque pas de morceaux de bravoure. Elle est aussi animée par la volonté de casser le cadre classique de la série policière ouvrant quelques espaces de liberté. Quant à l'intrigue, elle ne pouvait alors pas trouver d'explication. Mais j'ai une théorie.
- House of Cards US (Beau Willimon). La saison 2 de cette sympathique série de Netflix est mieux construite que la précédente, elle s'éparpille moins et le machiavélique Franck Underwood (Kevin Spacey) reste un personnage assez savoureux
- Rectify saison 1 (Ray McKinnon - 2013 mais découverte lors de sa diffusion sur Arte en 2014). Une étrange série, très lente et toujours habitée. Et puis il y a un acteur qui est le sosie de James Cagney (Clayne Crawford)
Enfin, venons-en à ce Top 10 des films vus en salle.
10. La Grande Aventure Lego
Cette fois on a triché. Parce que non seulement nous n'avons pas vu en salle La Grande Aventure Lego mais qui plus est, le film est sans aucun doute moins subtil que d'autres œuvres sorties cette année. C'est un film que l'on dit « méta » et qui constitue une mise en abyme de sa propre existence. Là où les réalisateurs Chris Miller et Phil Lord en sont au niveau initiation, Olivier Assayas (Sils Maria) et David Cronenberg (Maps To The Stars) atteignent le grade expert . Mais si nous avons écarté ces deux réalisateurs sans doute injustement – même si le propos au bazooka du Canadien nous a semblé constituer une limite à son film très bien mis en scène –, comptons sur notre acolyte pour corriger ce faux pas dans son propre top. Le film de Miller et Lord est une très bonne surprise, surtout que nous n'avions pas du tout été convaincus par leur précédent (dont nous n'avons pas gardé grand souvenir). Cette incroyable frénésie de gags, de clins d'œil, de sous-entendus, de connivence avec les univers qui ont construit une partie de notre imaginaire enfantin… qui s'enchaînent sans jamais faire imploser le film nous a impressionnés. Peut-être que le temps nous le fera revoir d'un œil moins conciliant. Mais, pour l'instant, on reste épaté. Il s'agit pour nous du premier film grand public dont la cocaïnomanie des réalisateurs transparait directement sur l'oeuvre. On voit bien Phil Lord et Chris Miller en avatar de Jordan Belfort dans l'excellent Loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013 – que nous avions pu rattraper en janvier dernier).
9. Timbuktu
Place aux poètes ensuite avec les films d'Abderrahmane Sissako et Hayao Miyazaki. Beaux gestes formels qui se fondent sur l'Histoire contemporaine (la Deuxième Guerre mondiale pour le Japonais) voire immédiate (l'invasion d'une partie du Mali par les islamistes radicaux pour le Mauritanien). On leur a reprochés quelques contorsions historiques fort mal venues, peut-être, je confesse être aussi ignorant sur la vie de Jirō Horikoshi que sur le phénomène d'acculturation des Touaregs au Mali, mais leurs films n'en sont pas moins de belles œuvres complexes et soignées.
On remonte vers le film d'action de l'année, celui qui devra plaire aux plus grands monomaniaques du monde tant les cadres élaborés et profus sont construits avec une précision millimétrée.
The Grand Budapest Hotel dépasse tous les blockbusters. Plus inventif, plus drôle, mieux rythmé et surtout plus joli. La laideur visuelle qui fait l'apanage de ces très coûteuses productions reste une de leur plus grande limite. Qu'on considère que les plus enthousiasmantes tataneries furent dans Captain America, Le Soldat de l'Hiver ou The Raid 2, soit des films assez limités par ailleurs, montre aussi qu'Anderson n'avait pas à forcer son talent pour dépasser ses petits camarades. Il le fait quand même et nous l'en remercions. Notons que derrière ce grandiose édifice à la délicatesse de l'artisan, il manque cette fois un petit quelque-chose, une flamme qui embrasait toujours ces opus précédents.
6. Gone Girl
Place ensuite à l'épatant Gone Girl de David Fincher. Son film aux forts relents hitchcockiens propose une version dégénérée et grossière de Fenêtre sur Cour avec une longue parenthèse vertigineuse dans laquelle cette fois la blonde planterait une bonne fois pour toute son tyrannique prétendant.
Bertrand Bonello figurant à la moitié ce classement tient parfaitement le rôle de frontière de mon top. Au-dessus, des films que j'ai aimés quasiment sans réserves, mais des Lego au Bonello, j'en ai toujours quelques-unes. Son film est une merveille visuelle, un vrai plaisir de spectateur exigeant. L'ambitieux (auto)portrait du créateur qu'il a livré cette année mérite qu'on s'y attarde, qu'on y revienne sans doute un peu plus tard. Mais il a aussi cette longueur (2h30) qui nous ne nous a pas paru indispensable.
Les Combattants est pour le coup un film court, drôle et bien foutu. C'est la fougue de la jeunesse, ce fut d'abord un petit coup de foudre à la bande annonce et la confirmation du charme en salles.
3. Black Coal
J'ai dû voir deux films asiatiques cette année et ils figurent tous deux dans le top 10. Le Chinois Black Coal nous a paru supérieur au Vent Se Lève et fait sans doute partie des meilleurs films de l'année de l'Empire du Milieu. Il a en tout cas une force indéniable et fait écho au chef d'oeuvre de Jia Zhang-Ke l'année dernière.
On n'attendait pas grand-chose du Jarmusch parce qu'on avait rien compris au très classe The Limits of Control (2009) et qu'on avait été qu'à moitié séduit par Coffee and Cigarettes (2003) et Broken Flower (2005). Mais son film de vampires nous a soufflé. La coolitude au maximum.
Le film de Jonathan Glazer domine à notre sens assez largement notre année cinématographique. Plus beau, plus puissant, plus original et envoûtant, Under The Skin est magique. Sans doute ne le reverrons-nous pas tout de suite parce que notre sensibilité à fleur de peau nous a posé quelques problèmes pour encaisser certains passages mais le long-métrage constitue assurément un geste original et ambitieux. Cette réussite tient aussi à Scarlett Johansson, la star et sans nulle doute l'actrice de l'année. Avec pas moins de cinq films sortis en 2014, elle a réussi à faire un triptyque sur le thème de la projection du soi et de la conscience humaine. Dans le parfaitement anodin Lucy, elle devient une sur-humaine, soit pour Luc Besson, le Nietzsche du LOL, un super ordinateur qui – pardonnez-moi l'expression – défèque une clé USB ! Dans le pas mal Her, elle est un robot qui s'émancipe de l'humanité et enfin dans notre numéro 1, elle est une extra-terrestre camouflée qui se voit « contaminée » par les sentiments humains.
Cela nous permet d'ailleurs d'enchaîner sur le traditionnel pire film de l'année qui traite... enfin qui aborde… euh qui effleure des thématiques assez proches :
Cet accident industriel devrait sans doute disparaître à tout jamais des mémoires avant 2016 faute de ne même pas avoir un potentiel nanardisant pour au moins s'en moquer.
Pour finir en beauté, rien de tel qu'un brin de vulgarité en guise de dessert avec les catégories spéciales.
Catégories "Mots clés Google pour faire de l'audience"
Bite : Gaspard Ulliel dans Saint Laurent et Charlotte Gainsbourg dans Jacky au Royaume des Filles
Cul : Scarlett Johansson dans Under The Skin et Hugh Jackman dans X-Men : Days of the future Past
Poil : Andy Serkis dans La Planète des Singes : L'Affrontement
Nichons : Dwayne Johnson pour Hercule et Combo Eva Green (300 : Rise of an Empire, Sin City 2 : j'ai tué pour elle, Penny Dreadful)
Prout : Julianne Moore dans Maps To The Stars
Moustache : Joaquin Phoenix et Chris Pratt dans Her
nolan
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