Blanche-Neige et le Chasseur : L'inspiration par le vide
Que faire lorsqu'on joue dans une méga nullité ? N'importe quoi, bien sûr. C'est le choix que fait Charlize Theron en méchante Reine dans cette interminable purge qu'est Blanche-Neige et le Chasseur. Pas de bol, elle entraîne le film encore plus bas. D'une certaine façon, c'est une performance.
Réflexions pointues sur films obtus
J'imagine un peu la réunion des executives d'Universal sur le film :
- On fait le coup de la relecture live d'Alice au pays des merveilles (Tim Burton, 2010) mais en mode Seigneur des Anneaux (Peter Jackson, 2001-2003) ! - Génial ! Et on pompe une scène entière de Princesse Mononoke (Hayao Myiasaki, 2000). Ça sera la caution poétique. - Excellent ! On récupère l'imagerie de Sleepy Hollow (Tim Burton, 1999) pour la forêt et la caution burtonienne. - Ouais et j'avais pensé à faire aussi un côté Robin des Bois ! - Lequel ? Celui de Scott (2010) ou celui de Reynolds (1992) ? - Les deux ! - Putain t'es trop fort. - Bon, allez, on embauche des bons techniciens, un casting qui claque... - Oh oui, une actrice oscarisée en roue libre totale, genre Jack Nicholson mais en bonasse. - Parfait, on tient notre blockbuster. |
Parfait, parfait... Mais vu la nullité abyssale de Blanche-Neige et le Chasseur, il faut convenir que les intentions ne suffisent pas. Comment ne pas se cacher le visage devant le naufrage de Charlize Theron qui, en lieu et place d'une reine terrifiante, joue une enfant gâtée et capricieuse.
"Ce qui serait bien, c'est que tu passes d'un seul coup
de la colère froide à la crise de nerfs"
(Rupert Sanders à Charlize Theron)
Mais tout comme son personnage qui trouve sa jeunesse en aspirant celle des autres, son jeu est peut-être la conséquence du désastre artistique construit autour d'elle. L'inspiration vient du vide abyssal du projet. D’absence totale de vision cohérente... de vision tout court. Rupert Sanders existe seulement au gré de quelques hallucinations forestières, le reste est un festival de scènes ampoulées (gros plans, ralentis, musique et bruitages assourdissants, monologues surjoués). Pas de personnages, pas de scénario, aucune cohérence visuelle, aucun sens du rythme (merci encore pour la douloureuse première partie, une sorte de résumé des épisodes précédents qui s'étale sur 25 minutes) : Blanche-Neige est un navet de guerre. Et sa méchante Reine est le canon du ridicule. Changeant de robe d'une scène à l'autre à l'instar des stars de Rn'B en concert, Verena aime crier soudainement en ouvrant grand les yeux, soupirer au ralenti, gigoter puis se figer et se regarder dans le miroir en mode « Are you talkin' to me ? ». Son plan machiavélique est de faire absolument n'importe quoi sans jamais réfléchir. Elle tue des gens en ouvrant grand les yeux (généralement elle crie aussi à ce moment-là), se baigne dans du lait ou se vautre dans du goudron (mais là elle ferme les yeux quand même), et mange de la viande crue parce que c'est dégueulasse (elle parle doucement puis se remet à crier, elle est un peu à cran). Surtout, surtout, elle ne fait rien que d'embêter Blanche-Neige alors même que le spectateur serait prêt à tuer lui-même cette princesse neurasthénique. Kirsten Stewart joue une femme en constat état de choc, on salue ses efforts – vains – pour transpercer la nullité de sa rivale : ses yeux sont des seaux d'eau, elle crie un peu à la fin mais, bon, tout le monde s'est endormi depuis longtemps.
On notera que le seul nain qui meurt est roux. Et, en plus, c'est raciste…
Colère froide |
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Crise de nerfs
nolan
Blanche-Neige et le Chasseur (Rupert Sanders, 2012)
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