La Guerre est déclarée
Le deuxième film de Valérie Donzelli raconte une histoire d'amour quelque peu chahutée par la tumeur au cerveau du tout jeune fils des amants. Un film rythmé, relativement cohérent qui, s'il n'évite pas quelques moments gênants, raconte un drame comme une aventure.
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Jérémie Elkaïm et Valérie Donzelli
S'inspirant directement de sa propre histoire, la cinéaste et son ex-compagnon interprètent le couple touché de plein fouet par ce qui peut arriver de pire à une famille : un bébé pourri.
Ne le cachons pas : nous fumes tout de suite intéressé par ce film aux accents de thérapie de groupe. Nous ne sommes pourtant pas spécialement attirés par les grands déballages, nous n'allons pas voir les films de Maïwenn ou Jonathan Caouette pour cette raison. Cela ne signifie pas qu'un aspect autobiographique ou profondément personnel et intime de la vie du réalisateur ne fasse de bons films ; ainsi les excellents Témoins (André Téchiné, 2007) et Chansons d'amour (Christophe Honoré, 2007). Dans le cas présent, deux raisons (une mauvaise et une bonne) devaient nous convaincre de faire le déplacement : l'odeur du sang et l'idée de voir une version pop d'un drame, histoire vraie ou pas. Ce qui n'a rien d'inédit mais reste tout de même assez rare pour être remarqué. Aussi le sujet, terrifiant à nos yeux, ne manque d'interroger le cinéphile du dimanche que nous sommes : la cinéaste a-t-elle réussi son coup ?
En premier lieu, Valérie Donzelli met un point d'honneur à éviter le pathos un peu vulgaire inhérent à ce genre d'histoire. Elle y sombre pourtant par à deux reprises lors desquelles la gêne ne manque de s'installer. Après une première partie qui fait preuve d'un vrai sens du récit (rythme, mise sous tension) et d'une réalisation alerte et colorée, ce qui aurait du aboutir à un feu d'artifice lacrymal s'avère une mise en scène douloureusement longue durant laquelle chaque personnage du film apprend la maladie de l'enfant. Aïe, ouille, nous prions pour que cela s'arrête. Et cela s'arrête. La guerre commence et elle est plutôt bien menée puisqu'elle ne nous est pas vraiment montrée, Donzelli préférant se concentrer sur le couple et ses activités périphériques à l'image de cette soirée « open kiss » assez enivrante qui fonctionne comme une bulle d'air dans le parcours du couple. Aussi, l'histoire prend la forme parfois du film d'aventure ou d'action. Attention, il ne s'agit pas ici de nous donner une belle leçon de courage, le métrage montrant que positiver et garder le cap n'a qu'un effet limité sur la maladie d'une tierce personne qui ne perçoit sans doute que d'une manière infime le drame se jouant dans sa tête. Le film conserve alors une certaine efficacité oscillant entre rires et larmes emballé dans des choix musicaux tout à fait judicieux (même si la chanson écrite par Biolay nous parut assez foireuse ; c'est mieux quand c'est lui qui chante). Nous regrettons que l'histoire ne soit pas allée jusqu'au délitement du couple qui est seulement évoqué avant – deuxième moment gênant – un happy end glaçant. A la réflexion peut-être est-ce voulu…
Bref, ce n’est pas si mal.
nolan
Note de nolan : 2
La Guerre est déclarée (Valérie Donzelli, 2011)
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