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Retour sur Fritz Lang, Appendice : DVDthèque et bibliothèque

22 Décembre 2010 , Rédigé par Ran Publié dans #Autour de Fritz Lang

En conclusion de la longue série consacrée à l’ensemble de la carrière de Fritz Lang, je propose un appendice pour présenter les DVD de ses œuvres disponibles en France ainsi qu’une très courte bibliographie.

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 Retour sur Fritz Lang

 

Appendice : DVDthèque et bibliothèque


Sommaire actif :

a.DVDthèque

b.Bibliothèque

 

FLA1.jpgCouverture de Fritz Lang en Amérique, Entretien par Peter Bogdanovich

(Paris, Cahiers du cinéma, 1990 ; première édition américaine en 1969)

 

Afin de conclure cette longue série consacrée à Fritz Lang qui, en huit textes – dont certains furent subdivisés –, m’aura permis d’opérer un retour sur l’ensemble de l’œuvre et de la carrière de ce réalisateur en tentant d’articuler logique chronologique et mise en valeur de certains axes thématiques en m’arrêtant notamment sur certains de ses films, à mes yeux plus importants, je souhaite proposer en appendice (ou en annexe) un court article divisé en deux sections. La première revient sur la DVDthèque disponible (et qui concernera uniquement des éditions parues dans des collections françaises) quand la seconde – extrêmement courte – propose un très rapide coup d’œil (qui ne prétend donc en rien à l’exhaustivité) sur l’abondante bibliographie disponible.

 

a.DVDthèque

 

Il paraît logique de la présenter de façon chronologique.

 

FLA 2Coffret (Opening) M, Le Maudit (1931) – Le Testament du Docteur Mabuse (1933)

 

1) Première période allemande (1919-1933)

 

Tout est ici relativement simple : les œuvres célèbres de la période allemande font l’objet de belles éditions DVD quand les autres sont absentes.

Ainsi cinq seulement des films muets de Fritz Lang sont disponibles en DVD, tous chez MK2 (qui les a par ailleurs réunis dans un même coffret). Sans surprise, il s’agit de  Docteur Mabuse, le joueur (1922),  Les Nibelungen (1924), Metropolis (1927), Les Espions (1928) et La Femme sur la Lune (1929). Dans tous les cas, les copies sont absolument superbes et parfaitement restaurées. Les bonus, quant à eux, sont, quand ils existent, d’un intérêt très relatif. Seules exceptions, Metropolis qui est accompagné d’un documentaire érudit d’Enno Patalas (malheureusement un peu rapide au vu de la masse d’informations qu’il comporte) et, à un degré moindre, Les Espions, autour duquel un long bonus contenant des pistes d’intéressantes d’analyse est présent.

Notons que Metropolis ne connaît sans doute pas son édition définitive puisque une copie 16 mm – dans un état désastreux – a été retrouvée en Argentine il y a deux ans. La nouvelle « version », qui intègre les séquences retrouvées et est désormais très proche de l’originale a été présentée dans le cadre du festival de Berlin en début d’année. Elle n’est pas sans intérêt puisqu’elle permet notamment de mieux percevoir la dimension policière de l’intrigue. Cependant, la différence entre les quelques deux heures précedemment restaurées (version supervisée par Enno Patalas de 2001 qui est celle du DVD) et les nouvelles séquences est criante. Espérons que ces dernières puissent être un peu mieux retravaillées dans les années à venir. Cela doit être possible mais il est peu probable – du moins dans l’état des techniques actuelles – qu’elles atteignent un jour l’extrême qualité du reste du film. Toujours est-il qu’au vu de l’immense célébrité de celui-ci, il ne fait aucun doute qu’une nouvelle édition sera prochainement mise en vente.

Pour le reste des films muets de Fritz Lang – Hallblut (1919), Der Herr der Liebe (1919), Les Araignées (1919-1920), Hara-kiri (1919), Das Wanderne Bild (1920), Vier um die Frau (1920) et Les Trois Lumières (1921) –, on ne peut que se borner à espérer une sortie un jour de ces œuvres qui sont les toutes premières de l’auteur. Cela paraît du domaine du possible en ce qui concerne Les Araignées et surtout Les Trois Lumières – d’autant que ce film, premier grand succès du réalisateur, a un indéniable intérêt historique – d’autant qu’elles sont disponibles dans d’autres pays.

 M, Le Maudit (1931) et Le Testament du docteur Mabuse (1933) font, quant à eux, l’objet d’une fort belle édition – par Opening – trois DVD (il est d’ailleurs difficile de trouver les films séparément). Si les copies ne sont pas absolument parfaites – mais néanmoins de bonne qualité –, il faut remarquer l’intérêt des bonus notamment le documentaire de la remarquable série « Image par Image » (proposée à la fin des années 1980 par La Sept – l’ancêtre d’Arte) consacré à M, Le Maudit et supervisé par Jean Douchet (grand spécialiste s’il en est des bonus DVD et qui travaillait donc déjà, mais sans le savoir, pour ce support). Ce coffret apparaît d’autant plus indispensable qu’il est aisé de le trouver en promotion à des prix véritablement modiques (vu à la FNAC cet été à 10 euros ce qui, pour deux absolus chefs d’œuvres accompagnés de bonus de qualité, n’est guère onéreux).

 

2) En France (1934)

 

Fritz Lang, on le sait, n’a réalisé qu’un seul film en France : Liliom (1934). Celui-ci est disponible en DVD. Malheureusement, il fait partie de ces œuvres éditées, à peu de frais, par une entreprise qui ne propose que des copies de très mauvaise qualité et quasiment jamais de bonus (qui, quand ils existent, sont sans le moindre intérêt). Ces problèmes – auxquels viendra s’ajouter, au surplus, des sous-titres aléatoires et bourrés de fautes – se retrouveront pour plusieurs des œuvres américaines de l’auteur[1]. Le seul avantage de tels DVD, outre celui d’exister, est que l’on peut les trouver chez des soldeurs à des prix très peu élevés (mais au-delà de trois euros, on peut considérer qu’il s’agit d’une très mauvaise affaire).

 

FLA 3Affiche de Chasse à l’homme (1941) – ce film n’est pas disponible en DVD en France

 

3) Période américaine (1936-1956)

 

C’est ici un peu plus compliqué et cela appelle une réflexion. Une grande partie des films de Fritz Lang est éditée mais dans des conditions extrêmement différentes alors que certaines de ses plus grandes œuvres sont manquantes. Cela montre la place qu’occupe cet auteur dans l’histoire du cinéma (du moins telle qu’on la perçoit en France). Bien mieux traité que la plupart de ses pairs de l’âge d’or hollywoodien, il ne jouit tout de même pas de la même côte qu’Alfred Hitchcock dont – sauf erreur – tous les films américains sont disponibles en DVD, la plupart dans les collections proposées par les majors. Aussi, on divisera les films américains de Fritz Lang en quatre catégories :

 

a) Les films disponibles dans les collections de grands studios

 

Curieusement, ils sont assez rares. Dans tous les cas, la copie est excellente mais les bonus, rares, souvent sans le moindre intérêt. On trouve : Furie (1936), Règlement de comptes (1953) et  Les Contrebandiers de Moonfleet (1955). De manière surprenante, l’édition de ce dernier film est accompagnée de deux bonus très intéressants notamment une analyse du film par Alain Bergala.

 

b) Les films disponibles par des petites maisons proposant des éditions de qualité

 

Ces films bénéficient de bonnes copies ainsi que de bonus (analyses, témoignages, interviews du réalisateur) souvent utiles pour qui veut mieux connaitre le réalisateur et ses films quoique relativement inégaux (ils peuvent être aussi édités dans des versions sans bonus ou regroupés en coffrets). Sont disponibles :  J’ai le droit de vivre (1937 ; studio canal),  Les bourreaux meurent aussi (1943 ; Carlotta), Espions sur la Tamise (1944 ; Carlotta), un coffret (Wild Side) La Femme au portrait (1944) La Rue rouge (1945), La Rue rouge (également disponible en édition simple chez Carlotta), Le Secret derrière la porte (1948 ; Wild Side),  House by the river (1950 ; Wild Side). L’édition du Secret derrière la porte est particulièrement intéressante car elle propose en bonus le documentaire Le Dinosaure et le bébé (1967), interview de Fritz Lang par Jean-Luc Godard. Quant au coffret La Femme au portrait/La Rue rouge, bien présenté, il est accompagné d’un livre fort instructif – et richement illustré – de Jean Ollé-Laprune sur la genèse de ces deux films noirs, vrais-faux jumeaux dans l’œuvre de Fritz Lang.

 

c) Les films disponibles dans de mauvaises éditions

 

C’est le même cas que Liliom – vu plus haut. On trouve ainsi : Les Pionniers de la Western Union (1941), L’Ange des maudits (1952) et La Femme au gardénia (1953). Dans tous les cas, on ne peut qu’espérer une nouvelle édition sérieuse tout particulièrement en ce qui concerne L’Ange des maudits dont il est du reste assez surprenant – en raison de son statut de western célèbre, genre généralement bien loti en ce qui concerne les sorties DVD – qu’il ne figure pas au catalogue des majors.

 

d) Les films non disponibles

 

Ils sont malheureusement encore assez (trop !) nombreux : Casier judiciaire (1938), Le Retour de Frank James (1940), Chasse à l’homme (1941),  Cape et poignard (1946), Guérillas (1950), Le Démon s’éveille la nuit (1952), Désirs Humains (1954), La Cinquième Victime (1956) et  L’Invraisemblable vérité (1956). Dans tous les cas, il reste à espérer que le manque soit prochainement comblé (d’autant que ces films sont disponibles dans d’autres pays) – ce devrait être le cas pour La Cinquième Victime et L’Invraisemblable Vérité puisque Wild Side les annonce dans un coffret selon la même formule que celui réunissant La Femme au portrait et La Rue rouge (avec un livre de Philippe Garnier) – notamment en ce qui concerne Chasse à l’homme qui reste l’un des plus grands chefs d’œuvre de son auteur.

 

4) Première période allemande (1959-1960)

 

            Le diptyque indien Le Tigre du Bengale (1959)/Le Tombeau indien (1959) est disponible chez Wild Side. Si les copies sont de qualité, mieux vaut investir dans les éditions simples car les bonus sont assez décevants avec les consternantes versions de 1938 des mêmes films par Richard Eichberg et une interview lamentable du réalisateur par Armand Panigel, bouffi de prétention, croyant à toutes les affabulations de Fritz Lang – le récit de la fuite d’Allemagne reste tout de même savoureux – et persuadé (dans la tradition de la thèse d’une certaine école critique française déjà bien démodée lorsque l’entretien est réalisé en 1972) que l’œuvre de ce dernier est sans intérêt après J’ai le droit de vivre par la faute des producteurs ce que son interlocuteur, qui aime à caresser les gens dans le sens du poil, n’essaie pas de démentir un seul instant.

Quant au Diabolique Docteur Mabuse (1960), il n’existe pas, en France, en DVD. Là encore, espérons que ce manque soit un jour comblé.

 

b.Bibliothèque

 

FLA 4Couverture de Fritz Lang

(Paris, Cahiers du cinéma, 2005 ; première édition en 1976) de Lotte H. Eisner

 

On fera volontairement très court tant le nombre de livres consacrés totalement ou partiellement à Fritz Lang est important – sans parler des nombreux articles parus dans des revues diverses.

S’il n’existe pas, à mes yeux, de livre (du moins dans notre langue…) pouvant être considéré comme l’ouvrage définitif sur le réalisateur, la référence évidente reste tout de même l’ouvrage de Lotte H. Eisner (Fritz Lang, Paris, Cahiers du cinéma, 2005). Volumineux, passionnant et très complet, il souffre d’un défaut lié au fait que le réalisateur, ami de l’auteur, a participé à son élaboration. Or, cela implique un certain manque de recul d’autant que l’homme aimait, on le sait, à façonner sa légende dans le sens qui l’arrangeait. Ce travail reste tout de même sans équivalent à ce jour mais me semble tout de même inférieur au livre consacrée par la même Lotte H. Eisner à Friedrich Wilhelm Murnau (Murnau, Paris, Ramsay Poche Cinéma, 1964).

Pour une approche plus synthétique, les courts ouvrages de Michel Ciment (Fritz Lang, Le meurtre et la loi, Paris, Découverte Gallimard, 2003) et d’Aurélien Ferenczi (Fritz Lang, Paris, Les Cahiers du cinéma – Le Monde, 2007) sont utiles et abordables. Le premier apparaît toutefois nettement plus intéressant notamment en raison – ce qui est une caractéristique de la collection – de l’iconographie assez riche qu’il propose.

En tant que documents – que j’ai personnellement largement « pillés » pour réaliser les textes de cette série –, le livre d’Alfred Eibel (Fritz Lang, Trois lumières, Paris, Ramsay Poche Cinéma, 2007) qui réunit de très nombreux articles de Fritz Lang (ainsi que divers témoignages, synopsis de projets non réalisés et dossiers de presse) et celui d’entretiens avec le cinéaste réalisés par Peter Bogdanovich (Fritz Lang en Amérique, Entretien par Peter Bogdanovich, Paris, Cahiers du cinéma, 1990) sont absolument fondamentaux.

Il faut encore signaler l’ouvrage récent de Jean-Loup Bourget (Fritz Lang, Ladykiller, Paris, PUF, 2009) qui est fort instructif mais tombe souvent dans l’anecdote, d’ailleurs parfois savoureuse, et me semble souffrir d’une certaine carence concernant l’analyse de l’œuvre. Cette dimension n’est, bien sûr, pas celle qui privilégiée dans la longue biographie – non disponible en langue française – de Patrick McGilligan (Fritz Lang. The Nature of the Beast, New York, St. Martin’s Press, 1997) qui se veut polémique et est très critiquable. Non pas pour les recherches historiques qui sont remarquables mais parce que l’objectif ne semble être que la démolition d’un mythe ce qui est assez représentatif du travail d’une certaine école américaine qui se plaît à confondre, dans une logique très puritaine et moralisatrice, homme et artiste (et dévalorise l’œuvre du second en fonction des contradictions, pourtant souvent créatrices, et des erreurs – car toujours il y a jugement – du premier).

 

On arrêtera là cette courte bibliographie (on se reportera d’ailleurs aux quelques ouvrages cités pour en avoir de plus complètes) en espérant que soit un jour réédité le livre (Fritz Lang, Paris, Seghers, 1963) que Luc Moullet a consacré à notre auteur et que Camille Javal (Brigitte Bardot) lit, dans sa baignoire, dans une séquence du Mépris (Jean-Luc Godard, 1963).

 

Ran

 

FLA 5Paul Javal (Michel Piccoli) et son épouse Camille (Brigitte Bardot)

en train de lire le Fritz Lang (Paris, Seghers, 1963) de Luc Moullet

dans Le Mépris (Jean-Luc Godard, 1963)



[1] Parfois, des œuvres ont été proposées dans de telles conditions avant que des éditeurs « sérieux » n’en proposent de meilleures versions. C’est le cas pour Metropolis et pour plusieurs œuvres américaines de Fritz Lang. Quand le cas d’une édition initiale catastrophique (par exemple, La Rue rouge) remplacée par une meilleure existe, il ne sera pas signalé.

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T
Les contrebandiers de Moonfleet ...mon préféré !
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B
A signaler, 2 conférences de Bernard Eisenschitz sur Lang : <br /> - &quot;Fritz Lang : une vie à l'oeuvre&quot;, à voir en vidéo sur le site de Canal-U (2011),<br /> - &quot;Notes sur le style de Fritz Lang”, conférence du Forum des images (2012), également en vidéo sur le net.
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B
erreur : la 2e conférence date de 2010.
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