Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Shining

22 Septembre 2010 , Rédigé par Ran Publié dans #Critiques de films anciens

Avec Shining, son onzième long-métrage, Stanley Kubrick tente de retrouver le très grand public partiellement perdu avec Barry Lyndon. Mais il y perd un peu le fil de son talent et le film souffre de lourds défauts. Néanmoins, de bons points sauvent l’ensemble et le font largement échapper à la médiocrité.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Spécial Kubrick

Affiche de ShiningAffiche de Shining (Stanley Kubrick, 1980)


Lorsqu’il réalise Shining (1980), son onzième et antépénultième long-métrage, Stanley Kubrick ne reste pas seulement sur une série de trois chefs d’œuvre depuis 2001, L’Odyssée de l’espace (1968) mais avec ce film et ses deux successeurs –  Orange Mécanique  (1971), Barry Lyndon (1975) – il a en quelque sorte redéfini les frontières de son art et s’est élevé, pour l’éternité, parmi les géants de l’histoire du cinéma. C’est peu dire donc que son nouveau film est attendu. Pourtant, celui-ci ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Tout d’abord, Barry Lyndon, s’il fut très largement célébré, n’a été qu’un demi-succès commercial qui a quelque peu érodé la position de totale liberté dont jouissait Kubrick auprès de ses producteurs. De plus, le réalisateur commence à éprouver de plus en plus de difficultés à faire un film tant son obsession du détail rend son travail problématique. Aussi, a-t-il besoin de se relancer et choisit-il de faire un film à grand spectacle, touchant au genre de l’horreur qu’il n’avait jamais abordé (si ce n’est peut-être un petit peu dans Orange Mécanique) en adaptant l’un des romans du « maître » de littérature populaire fantastique, Stephen King. Aussi, le matériau de base (Shining, l’enfant-lumière, 1977) est-il le plus possible éloigné (par ses thèmes, par sa publication récente, par sa relative simplicité) des Mémoires de Barry Lyndon (William Makepeace Thackeray, 1843-1844) qui avait inspiré le précédent film de Stanley Kubrick.

 

Wendy Danny Jack TorranceWendy (Shelley Duval), Danny (Danny Lloyd) et Jack Torrance (Jack Nicholson)

 

Et, comme on pouvait on le craindre, Shining est une relative déception dans l’œuvre de Stanley Kubrick. Peut-être faut-il incriminer le roman originel qui serait par trop limité même s’il ne s’agit là que d’une supposition[1]. On remarquera surtout que le film souffre de nombreux défauts pour certains inhabituels chez Stanley Kubrick. C’est notamment le cas du traitement de la communication. Alors que Kubrick travaille généralement avec génie sur le langage et ses procédures, trop de tunnels explicatifs – qui, au surplus, n’apportent pas grand-chose du point de vue de la dramaturgie – encombrent le film et en limitent la dimension fantastique. Je pense en particulier à ces longs dialogues entre Jack Torrance (Jack Nicholson) et Stuart Ullman (Barry Nelson) puis Lloyd (Joe Turkel) et surtout Delbert Grady (Philip Stone) dans les toilettes de l’hôtel Overlook[2] ainsi qu’à celui entre Danny Torrance (Danny Lloyd), le fils de Jack, et Dick Halloran (Scatman Crothers). En outre, entre ces deux derniers, la communication muette via le shining du titre n’apporte rien, elle non plus. Quant à la violence, thème de prédilection de notre auteur, elle est utilisée de manière assez aberrante dans le film – mais reste tout de même impressionnante – et contredit le discours très construit qui trouvera son aboutissement dans  Full Metal Jacket (1987). En effet, pourquoi celle-ci surgirait-elle désormais de l’enfermement, du passé, du fantastique ou de la folie quand, pour Kubrick, celle-ci est profondément constitutive de la nature humaine ? Ainsi le cinéaste ne poursuit pas son étude si intéressante de ce phénomène dans Shining. On regrettera plus encore peut-être que le film ne dise rien ou pas grand-chose de la famille ou du couple alors que Jack Torrance ne cesse de reprocher à son (insupportable) épouse Wendy (Shelley Duval) d’avoir contribué à massacrer sa vie et que l’on sent que l’existence de son fils lui pèse profondément (sans qu’il ne puisse se l’expliquer). Mais on en restera là et Shining n’annonce que très partiellement (sans doute en partie parce que la composante sexuelle est par trop évacuée) Eyes Wide Shut (1999), l’ultime chef d’œuvre de Kubrick. Cela est profondément dommage car la densité manquante au film aurait sans doute largement pu être comblée en travaillant ce thème. Le jeu avec le temps – là encore, le film a un « exosquelette » bien mis en valeur qui doit faire monter la tension alors que le passé pèse d’une manière que l’on ne comprend pas – n’est pas non plus extrêmement pertinent si ce n’est, bien sûr, lors de cette extraordinaire fin ouverte qui montre une photo ornant les murs de l’hôtel Overlook sur laquelle figure Jack Torrance et qui est datée du 4 juillet 1921[3] (alors que le film se déroule à l’époque contemporaine). Ajoutons encore pour en finir avec les défauts de Shining que les acteurs principaux, à l’exception de Jack Nicholson – dans un registre que l’on connaît toutefois très (trop ?) bien – ne sont pas très convaincants, Shelley Duval (martyrisée par Kubrick comme le montre le célèbre making-off du tournage) ne cessant d’énerver le spectateur (plus encore que son mari) alors que Danny Lloyd ne provoque guère d’attachement. Et leurs visages toujours effrayés et torturés, une constante du cinéma de Kubrick, finissent par lasser quelque peu.

 

Delbert Grady et Jack TorranceDelbert Grady (Philip Stone) et Jack Torrance

             

Shining n’est donc pas un chef d’œuvre ; serait-il pour autant un film totalement raté ? Non pas. En effet, Kubrick n’a pas ici perdu tout son talent. D’une part, il respecte (même si la musique volontairement angoissante est un peu trop omniprésente) les canons du film fantastique et la tension finit par monter et la peur par s’installer. Au-delà des hallucinations récurrentes de Danny (les murs par lesquels s’écoulent des flots de sang, les deux jeunes filles mortes – Lisa et Louise Burns – quelques années plus tôt), on apprécie ainsi cette séquence durant laquelle Jack Torrance enlace puis embrasse une belle jeune femme nue (Lia Beldam) qui se transforme en horrible vieille femme (Billie Gibson)[4] ainsi que celle où Wendy découvre, horrifiée, que depuis des semaines son écrivain de mari ne cesse de taper la même phrase (parfois en réalisant des calligrammes) : « All work and no play makes Jack a dull boy ». Quant aux poursuites finales avec un Jack, blessé, l’air fou et muni d’une hache, chassant sa femme et son fils, elles sont également très réussies. D’autre part et surtout, il y a ces superbes images qui prouvent que Kubrick conserve tout son talent plastique. On admire ainsi ces magnifiques plans de routes montagneuses qui ouvrent le film et les déplacements des personnages à travers à l’hôtel Overlook notamment ceux, très célèbres, de Danny sur son espèce de tricycle filmés au moyen d’une steadicam. De plus, cela renvoie à un traitement extrêmement fin de l’espace dans Shining avec cet enfermement[5] (et Kubrick joue beaucoup du surcadrage) dans un espace à la fois confiné et immense[6]. Plus que l’histoire de la maudite chambre 237, c’est tout l’hôtel qui fascine puisque jamais l’on ne sait vraiment où se trouvent les héros et surtout – et là l’élément « horrifique » fonctionne pleinement – où ils se trouvent les uns par rapport aux autres. Plus peut-être que tout autre moment, on admirera ce raccord qui montre d’abord Jack regarder une maquette du labyrinthe situé à proximité de l’hôtel puis la caméra plonger vers celui-ci pour entrer dans le véritable espace où se trouvent alors Wendy et Danny. Ainsi, pour tous ces moments et quelques autres encore, Shining ne peut définitivement être qualifié de film raté.

 

Danny Torrance dans les couloirsDanny Torrance dans les couloirs de l’hôtel Overlook

 

Il n’en reste pas moins que Stanley Kubrick connaît tout de même une réelle baisse de régime avec ce film qui ne peut, malgré ses réelles qualités qui en font certes un film à voir, être même qualifié de jalon ou de « grand film malade » – pour reprendre la célèbre expression de François Truffaut à propos de Pas de Printemps pour Marnie (Alfred Hitchcock, 1964). Shining annoncerait-t-il alors l’irrémédiable déclin de l’auteur de 2001, L’Odyssée de l’espace ? Il est certain que celui-ci éprouvera toujours de plus en plus de difficultés à réaliser un film, mais il prouvera par la suite, avec ses deux ultimes chefs d’œuvre,Full Metal Jacket et Eyes Wide Shut, qu’il n’a rien perdu de son immense génie.

 

Jack-Torrance.jpgJack Torrance

 

Ran

 

Note de Ran : 3

 

Shining (Stanley Kubrick, 1980)



[1] Je n’ai jamais lu de roman de Stephen King et ne peux donc véritablement en juger. Il s’agit donc seulement d’une possibilité même si j’ai tendance à penser que l’homme ne fait nullement partie des grands de la littérature fantastique et qu’il se contente d’écrire des « produits de consommation courante » – ce qui est d’ailleurs tout-à-fait respectable – qui sont sans doute insuffisants pour véritablement inspirer un Stanley Kubrick. Ceci dit, il existe de bonnes adaptations cinématographiques de romans de Stephen King (Dead Zone, par exemple, publié en 1979 et adapté par David Cronenberg sous le même titre en 1983 ce qui contribua largement à lancer la carrière de celui-ci).

[2] Les deux derniers étant des hallucinations de Jack Torrance.

[3] La force de cette ultime séquence est renforcée par la judicieuse utilisation de la chanson « Midnight, the stars and you » jouée par le Ray Noble Orchestra et Al Bowlly.

[4] Même si l’on peut trouver que le réalisateur singe alors son 2001, L’Odyssée de l’espace

[5] Ainsi Shining est un film sur l’enfermement. Il est donc amusant de remarquer que des chutes de l’opus de Kubrick furent utilisées pour rajouter une fin – non souhaitée par le réalisateur – à la version cinéma du Blade Runner de Ridley Scott (1982). Et ces plans avaient pour vocation de rompre le sentiment dominant d’enfermement dans l’œuvre de Scott.

[6] Cette idée est bien rendue dans ce plan monumental dans lequel Jack, n’arrivant pas à écrire, joue avec une balle dans une grande salle de l’hôtel. Cela fait irrémédiablement penser à Virgil Hilts (Steve McQueen) dans une séquence très célèbre de La Grande Evasion (John Sturges, 1963) qui, lui, était enfermé dans une minuscule cellule.

Partager cet article

Commenter cet article

A
Bonjour.<br /> <br /> Merci beaucoup pour ce commentaire.<br /> <br /> Ce qui est certain, c'est que je connais mal l'oeuvre de King. Je ne suis pas certain que le Shining de Kubrick, puisqu'il existe de façon parfaitement autonome, ne puisse être analysé sans établir une liaison avec le livre dont il est inspiré. Par contre, il n'est pas possible, sans le connaître, de décréter que le film est très supérieur au livre (comme je l'avoue, je l'ai un peu fait...). Il n'est pas inintéressant, en revanche, de remarquer que, vu de (très) loin, en termes de valeurs établies (qui ne veulent pas dire grand-chose mais expliquent des erreurs de perspective) entre King et Kubrick, le matériau noble apparaît être celui du second - ce qui est somme toute assez rare dans la relation complexe entre littérature et cinéma.<br /> <br /> Au-delà, par rapport à l'époque où j'ai rédigé cet article, je serai sans doute enclin à réévaluer Shining à la hausse et sans doute dans le sens - celui de la cohérence de la vision kubrickienne - que vous soulignez. Mais ce qui, très probablement, expliquait ma réticence tient au fait que, dans toute la série finale de Kubrick (à partir de 2001), Shining reste tout de même pour moi le film le plus mineur... Or, Kubrick a sans doute finalement trop peu tourné pour que je résiste à la tentation - stupide et innocente - de classer ses films les uns par rapport aux autres. Néanmoins, l'essentiel de mon propos, je crois, dans les nombreux textes consacrés à cet auteur, a bien été de chercher la cohérence et les structures globales de son oeuvre.
Répondre
A
Bonjour,<br /> <br /> Il est certain que la lecture du livre dont il est adapté ne peut qu'apporter à l'analyse d'un film, ne serait-ce même, à l'instar d'un des différents états du scénario, que comme document-source.<br /> <br /> Pour ce qui est de la pluralité des analyses, je songe toujours à des films qui, comme le Metropolis de Lang, sont à ce point saturés de signes qu'ils peuvent supporter à peu près n'importe quelle lecture. Bien sûr, certaines d'entre elles sont complètement contradictoires, voire quasiment délirantes, oubliant que le réalisateur n'a pas forcément d'intention particulière, fut-elle inconsciente, ou du moins d'intention autre que d'inventer une imagerie marquante.<br /> Néanmoins, chez Kubrick, cette tendance, si elle existe (et très puissamment), me semble toujours tempérée par la volonté de ne pas voir sa créature complètement lui échapper et d'en contrôler le discours, ne serait-ce, d'abord, que pour éviter de lui laisser dire n'importe quoi, mais aussi par la volonté de regarder lucidement le monde et l'homme - et d'en tirer les conclusions qui s'imposent. C'est que j'avais essayer de développer en m'intéressant, dans son oeuvre, à la relation entre l'esthétique et l'éthique.<br /> On peut donc très raisonnablement penser que les éléments, même multiples, divers et contradictoires, qui entrent dans ses films, ne relèvent pas d'une loi du hasard.<br /> Par contre - il l'a prouvé avec 2001 -, il a le goût de l'ouverture et que certains éléments apparaissent inexplicables et soient laissés, dans un film fantastique comme Shining, à la libre interprétation du spectacteur, participe directement de sa façon d'envisager le genre. Dans ces conditions, il est inévitable, souhaitable mais évidemment un peu vain que d'échafauder des théories les plus variées pendant des décennies. D'une certaine manière, je pense que cela participe également et de sa volonté de marquer l'histoire du cinéma et de son humour.
F
Bonjour,<br /> Je souhaite nuancer mon propos. On peut bien sûr analyser le film sans avoir lu le livre. Cependant, voir les differences entre les deux permet de déceler mieux les intentions de Kubrick. Une grande partie de la puissance du livre provient de la description de la situation initiale, qui est complètement absente dans le film, qui se concentre sur ce qui se passe dans l'hotel. De nombreuses thématiques sont differentes. De nombreuses remarques du documentaire ROOM 237 sont troublantes. Apollo 11, le génocide indien... Ces themes ont été insérés volontairement par Kubrick. S'agit-il de messages (si oui, lesquels ?) ou de fausses pistes (il a la reputation d'etre perfectionniste. Chaque element qu'il inclut dans ses films est sur interprété. Veut-il egarer les spectateurs en ajoutant des thèmes qui n'en sont pas pour railler la fantaisie des critiques de film ?). L'expérience cinématographique que j'ai eue avec ce film est étonnante. Il m'a fasciné sans trop que je sache pourquoi, sans doute par son aspect mysterieux et la beauté des scènes. 2001 et Orange Mecanique me semblent neanmoins très supérieurs, je vous l'accorde. Mais c'est Shining qui m'a donné envie de voir ou revoir tout Kubrick.
F
Bonjour,<br /> Vos analyses sont particulièrement intéressantes. Et je les lis avec intérêt. Je me permets des remarques. L'analyse de film est impossible sans avoir lu le livre. La scène de l'accident de la voiture rouge montre que Kubrick s'est approprié l'oeuvre de Stephen King et l'a entièrement modifiée. Le livre est grandiose, le film l'est aussi, mais paradoxalement surtout lorqu'il s'écarte du roman. Cela s'explique car le film est tres personnel et d'une subtilité extraordinaire. Chaque scène prise séparément est un chef d'oeuvre. Énigmatique, le film est porteur de messages forts. Il est plus un drame qu'un film d'horreur. Kubrick y poursuit encore son exploration de l'humanité en confrontant Jack à ses démons (sa folie dans le cadre familial avec une portée oedipienne forte, et donc une vocation universelle ) et en confrontant le téléspectateur à l'histoire de l'Amerique (reposant sur le genocide, donc le meurtre, caractéristique de l'humanité, dans la droite lignee de 2001). Cette vision se double d'une mise en abime du travail de createur, Jack l'écrivain représentant kubrick le réalisateur, hirsute, angoissé par le syndrome de la page blanche, On en revient ainsi à la notion d'art et donc de beau, chère à Kubrick, et que vous defendiez avec conviction. Shining s'inscrit donc totalement dans la vision kubrickienne du monde et me parait etre un chef d'oeuvre. D'autant que le film est porteur de plus de messages encore.
Répondre
F
Antoine, je partage totalement votre vision et vous remercie pour la pertinence et la clarté de votre propos. C'est toujours intéressant lorsque deux opinions differentes débattent et finissent par trouver un point d'accord et s'entendre sur l'essentiel. Merci d'avoir pris de votre temps pour répondre à mes questions.
M
Well Stanley Kubrick’s Psychotic Horror thriller Shinning is actually considered under the league of epic movies to many of the people. That one long shot scene of jack’s sons riding that bicycle inside the huge Manson will stay in our hearts forever.
Répondre
N
En effet.
R
<br /> <br /> Bonjour. Tout d'abord, merci de ce commentaire et de l'expression étaillée de votre désaccord.<br /> <br /> <br /> Ensuite, on l'aura compris, je suis un grand admirateur de Stanley Kubrick, absolument pas lassé par de multiples visions d'Orange mécanique et de Full Metal Jacket, mais je<br /> trouve toutefois Shining assez nettement inférieur à l'ensemble de ses films à partir de Docteur Folamour (ce qui d'ailleurs oriente ma vision du film dans un certain sens que<br /> je ne peux toutefois définir avec précision). En dehors de défauts, disons factuels - de trop longs dialogues et les hurlements (redoublés par la musique "angoissante") qui viennent occuper tout<br /> l'espace sonore dans la deuxième moitié de l'oeuvre -, ce que je reproche à Shining est de ne faire qu'effleurer certains thèmes. Ainsi, concernant les Amérindiens, il y a seulement une<br /> réflexion dans le dialogue du début puis plus rien ou presque. Pour ce qui est de la cellule familiale - et c'est peut-être là mon principal grief -, je trouve qu'il aurait du s'agir du thème<br /> central: voir ressurgir tous les éléments de tension du passé (proche et non fantastique) de la famille Torrance. Mais là encore, à mon sens, Stanley Kubrick reste trop à la surface.<br /> <br /> <br /> Il est d'ailleurs possible sinon probable qu'il existe sur ces points de significatives différences entre les deux versions européenne et américaine mais n'ayant pas vu la seconde, je ne peux<br /> être affirmatif.<br /> <br /> <br /> Enfin, reste le traitement de l'espace physique et, rien que pour cela, Shining est, à mes yeux, un film plus que digne d'intérêt.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Alors là je ne suis pas du tout d'accord! J'ai été un très grand fan de Kubrick, que j'admire toujours aujourd'hui, mais dont j'ai moins envie de me retaper les films une ixième fois. À trois<br /> exceptions près: 2001 (bien sûr), Eyes Wide Shut et Shining. Je le préfère, et de loin, à Clockwork Orange ou Full Metal Jacket (que j'aime aussi, mais j'ai l'impression de les avoir épuisé).<br /> C'est un des films les plus incisifs de Kubrick sur la société américaine (ça porte, entre autres, sur le génocide des Amérindiens), qu'il construit à partir d'une déconstruction de la famille<br /> américaine. L'aspect fantastique ne réduit pas la dimension psychologique du film, Jack Torrance est d'abord et avant tout épuisé et éreinté par sa famille qu'il ne peut conjuguer à ses ambitions<br /> littéraires (désir de réussite et d'ascension sociale, échec du american dream). Le fantastique, c'est un retour du refoulé (ces Amérindiens qui hantent l'Amérique comme tout ce que Jack essaie<br /> de contenir qui finit par exploser), et d'ailleurs l'hôtel peut ou non être hanté, c'est selon. Enfin, c'est très riche, le film regorge de symboles (les vêtements des trois personnages<br /> principaux sont très révélateurs), et avec un Freud à portée de main il y a des plaisirs quasi-illimités. Ah, et je comprends votre hésitation devant le jeu outré des acteurs, mais je crois que<br /> c'est dans le ton. Shining, c'est aussi un exercice de style, Kubrick démontrant comment réaliser un film fantastique, les effets sont outrés en conséquence, pour bien les marquer.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
.obbar-follow-overlay {display: none;}