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The Ghost Writer

7 Mars 2010 , Rédigé par Ran Publié dans #Critiques de films récents

Roman Polanski et les Etats-Unis, c’est une histoire plus que contrariée à laquelle on ne peut s’empêcher de songer à la découverte de ce nouvel opus du cinéaste. Cela ne doit pas faire oublier que ce film sobre est avant tout un modèle de thriller classique et efficace qui montre fort bien la maîtrise de son auteur.

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The-Ghost-Writer.jpgL’écrivain fantôme (Ewan McGregor)

 

Question de fond qui, au vu des événements récents, vient forcément à l’esprit lorsqu’on découvre ce Ghost Writer : le rapport de Roman Polanski aux Etats-Unis. Bien que tourné avant qu’une vieille affaire ne refasse parler d’elle, le film qui se situe donc dans ce pays (mais a été tourné en Allemagne) oblige à l’envisager. En fait, pour le cinéaste, les choses semblent assez limpides et sa vision n’est pas d’une originalité débordante. Les Etats-Unis sont un pays dangereux et leur pensée géopolitique, trop simpliste, est potentiellement liberticide. Aussi y être retenu plus ou moins de force comme l’est le héros (Ewan McGregor) n’est guère plus réjouissant que de ne pouvoir y mettre les pieds (comme y est obligé le cinéaste). De plus, le risque de la vassalisation de l’Europe – notamment de la Grande-Bretagne – est majeur.

Mais c’est plutôt la forme, pourtant d’une sobriété et d’un classicisme absolus, qui retient l’attention dans The Ghost Writer. Ce film, pour n’être guère original donc, est par contre un modèle de thriller épuré dans lequel le cinéaste installe une ambiance anxiogène à souhait. La maîtrise du rythme et du suspense par l’auteur est quasi-totale au point que l’on songe parfois à du Alfred Hitchcock (bien que l’ancien Premier ministre britannique – double de Tony Blair – et incarné par Pierce Brosnan se nomme… Lang) tant Polanski, qui utilise une structure scénaristique parfaitement linéaire et est toujours centré sur son héros, sait jouer de la durée et de l’espace au point que le spectateur pense qu’une catastrophe – ou une décisive révélation – est toujours imminente. Que l’on songe, par exemple, au moment où notre écrivain fantôme (ainsi nommé parce qu’il est le nègre d’Adam Lang qui veut écrire ses mémoires) traverse la mer pour se rendre chez cet inquiétant (mais cordial) professeur d’université, Paul Emmett (Tom Wilkinson)…

On prend donc un vrai plaisir – mêlé de juste ce qu’il faut d’angoisse – à suivre les aventures de ce héros solitaire et sans identité qui s’empêtre dans un récit tortueux dans lequel les secrets – que l’on se gardera bien révéler même si l’important n’est pas vraiment là – s’accumulent et où il découvre – plus qu’il ne met au jour – morceau après morceau des réseaux et une machine – plus qu’une machination – contre lesquels il ne peut pas grand-chose. Ainsi s’insère-t-il dans une histoire – qui n’est surtout pas l’Histoire (ni officielle, ni officieuse) – qui n’existe presque que par lui mais dans laquelle il n’a pas véritablement de place. C’est pourtant bel et bien la sienne et, in fine, les vérités qu’il finit par recueillir ne lui servent pas beaucoup. Aussi le fantôme du titre en est bien un…

De même que le film est une vraie réussite dans laquelle, tout-de-même, le fond finit par rejoindre la forme car, irrémédiablement, surgit cette question : Où est-on aujourd’hui en sécurité ? Dans The Ghost Writer, ni sur l’île, ni aux Etats-Unis, ni même en Grande-Bretagne. En fait, on ne l’est, en ces temps d’obsession sécuritaire, nulle part. Ce constat un brin paranoïaque est peut-être valable à l’échelle de l’homme Polanski. Mais force est de reconnaître que le cinéaste sait fort efficacement et froidement – presque cliniquement serait-on tenté de dire – le mettre en scène.

 

Ran

 

Note de Ran : 3

Note de nolan : 3

 

The Ghost Writer (Roman Polanski, 2009)

 

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R
<br /> Eh oui ! Nous avons préféré (sans nous concerter) le Scorsese au Polanski. Désolé...<br /> Ceci dit, les deux sont réussis et il est intéressant de les comparer. D'ailleurs, je me suis laissé tenter.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> J'ai beaucoup apprécié ce film également, Polanski montre son efficacité et talent pour créer une ambiance et une tension (allez hop Martin S prend toi ça !).<br /> <br /> Je vous recommande aussi "Une éducation" si vous l'avez pas vu, pas original mais d'excellente facture également (casting très agréable et rytme enlevé).<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Tu vas être déçu Pierce car nous avons préféré Martin S (voir demain pour moi et mercredi pour Ran qui compare justement les deux films).<br /> Mais effectivement Polanski se montre sobre et efficace et je rejoins l'analyse de mon acolyte.<br /> Pour Une Education, merci du conseil !<br /> <br /> <br />
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