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The Place Beyond the Pines

1 Avril 2013 , Rédigé par Antoine Rensonnet Publié dans #Critiques de films récents

Un pensum que ce The Place Beyond the Pines. On l’espérait nerveux et dynamique, il s’avère lourd et lent. Mal construit, le film s’affaisse rapidement et ses deux dernières parties réclament, pour les supporter, une indulgence que nous ne possédons plus…

 

 

 

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Luke (Ryan Gosling)

 

La leçon de Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) n’est pas tant que l’on puisse tuer un héros avant le milieu d’une œuvre mais qu’il est possible de le faire à la seule condition que celle-ci gagne en densité. Qu’il l’ignore ou qu’il se rate, Derek Cianfrance, dans The Place Beyond the Pines, commet en tout cas une grossière erreur en sacrifiant trop rapidement le voyou-motard Luke (Ryan Gosling). Non que le polar psychologique plan-plan dont celui-ci était le centre soit du plus grand intérêt mais il vaut tout de même nettement mieux que le drame où son meurtrier, le policier Avery Cross (Bradley Cooper), prend sa place. Le peu de charme du film s’évapore d’un coup et, s’enferrant dans un récit peu cohérent, The Place Beyond the Pines, à peine sauvé par les quelques apparitions du véreux Deluca (Ray Liotta, magnétique et effrayant) se met à sérieusement patauger. Sentant probablement qu’il se noie, Cianfrance le charge alors jusqu’à la gueule de thématiques si lourdes que leur emploi seul devrait assurer la grandeur de l’ensemble. Paternité et filiation, bien sûr, mais aussi mensonge, absence, politique, ambition, traumatisme inavouable… La liste est sans fin et le tout sans intérêt car, pour chacune des figures mobilisées, le réalisateur n’a à peu près rien à dire d’autre que de très banal et son film ne gagne jamais en ampleur.

 

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Avery Cross (Bradley Cooper)

 

La lassitude l’emporte. On espère, avec l’arrestation des ripoux, que The Place Beyond the Pines s’achève enfin. Ce serait une mauvaise conclusion mais, au moins, c’en serait une. Malheureusement, Cianfrance comprend confusément qu’il a raté sa dissertation. Aussi tente-t-il de la sauver dans une inutile troisième partie. Elle constitue une sorte de chapiteau-rustine qui doit faire tenir tous les bouts épars. Après les pères, les fils – Jason (Dane DeHaan) et A.J. (Emory Cohen) – entrent en scène. Le film semble perdre encore en rythme. Une impression simplement, il n’en a plus aucun depuis longtemps. Par contre, nous n’avons plus la patience de supporter de telles élucubrations irréfléchies mêlant déterminisme social et christianisme. D’ailleurs, c’est bien ce qui reste : The Place Beyond the Pines a beau frayé dans des milieux marginaux, il est désespérément encombré de puritanisme. Le poids du pêché bouleverse la trajectoire des personnages – Avery Cross en tête – et, surtout, cette culture de la faute surdétermine le regard que Cianfrance porte sur ceux-ci. Son incapacité à clairement distinguer la construction de ses héros et son jugement est une cause supplémentaire de l’échec de The Place Beyond the Pines. Peu importe, lorsque Jason s’en va au loin sur une moto pour mieux renouer avec son défunt père, le générique commence. C’est fini. On n’aura pas droit à un nouvel épisode avec les petits-fils. Tant mieux.

 

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Jason (Dane DeHaan)

 

Antoine Rensonnet

 

Note d’Antoine Rensonnet : 1

Note de nolan : 1

 

The Place Beyond the Pines (Derek Cianfrance, 2012)

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S
It was an exceptional performance from Ryan Gosling and Bradley Cooper. It’s all about the personal conflicts a bike racer turned criminal and a police officer. Story progresses in a slow pace, but I did enjoy the movie very much.
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B
Va falloir arrêter de voir les films de Cianfrance en troisième partie de soirée et lui laisser sa chance quand même à ce réal ! D'autant qu'il a une ambition (ce qui est un bon début !) et, au risque de perdre crédit à vos yeux, j'y trouve des moyens. Et puis il construit une filmo cohérente autour d'un thème fort.<br /> <br /> A nouveau pour Cianfrance dont je découvre le cinéma ces jours-ci, j'ai accroché ! Les trois parties ne sont pas forcément égales je le concède mais de là à parler d'un total déséquilibre... Et ce n'est pas lourdaud, ou alors tout autant que les récits de Lehane cités (à juste titre d'ailleurs) par Sylvain. On essaiera donc de publier une note très bientôt pour relever les points positifs que vous omettez forcément, les &quot;jolies choses&quot; relevées par mon prédécesseur.<br /> <br /> Allez, vous tenterez quand même son prochain film, hein ? Ne le bannissez pas encore.
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B
Houla ! Faudra trouver les bons arguments !
N
Je ne bannis peu de cinéastes, mais je ne forcerai pas non plus pour Cianfrance. A son prochain film, j'attendrai ta critique pour savoir si je me déplace ou pas :-)
V
En effet, c'est assez lourd comme film, mais il y a de jolies choses je trouve dans la mise en scène de Cianfrance. Et je trouve qu'il réussit à faire planer le fantôme du personnage de Gosling sur les deuxième et troisième parties.<br /> Ca reste quand même lourdaud, oui.
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A
<br /> C'est un peu le problème. Le film aurait été meilleur s'il s'était arrêté à sa première partie. On a l'impression qu'il s'enlise à mesure qu'il avance et que la solution, certes partielle, serait<br /> de faire une coupe sans trop regarder ce qu'on enlève.<br />
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N
<br /> J'ai un peu hésité sur la note parce que la première partie est pas trop mal malgré son côté "quel est celui qui joue le mieux le mal être". La photo est jolie, c'est plutôt bien filmé. Ensuite,<br /> c'est un peu lent et rarement passionant. Mais surtout la dernière partie échoue complétement à donner le sentiment d'une fresque familiale à la James Gray (qui fait plus court) - FF Coppola (qui<br /> fait aussi plus court dans Tetro)<br />
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