When You're Strange
When You're Strange retrace l'histoire du groupe sur fond de mouvement hippie et de geste romantique. La grande qualité du film est d'avoir su exploiter les images d'archives – et notamment un film de Paul Ferrara et Jim Morrison – pour donner une tension dramatique et un zeste d'onirisme dans ce rigoureux documentaire.
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"People are strange when you're a stranger Faces look ugly when you're alone Women seem wicked when you're unwanted Streets are uneven when you're down" |
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People are strange (paroles de Jim Morrison mais la chanson est seulement créditée The Doors, sur l'album Strange Days, 1967) |
La célèbre chanson des Doors, dont le premier vers du refrain donne son titre au film, résonne pendant que la voix de Johnny Depp narre les premières difficultés de Jim Morrison avec la célébrité. Car comment parler du groupe sans retracer le parcours de son charismatique chanteur ? Jim Morrison aura eu la beauté, l'inspiration poétique, le charisme et une bande de mecs doués pour faire de la grande musique. Tout est presque trop beau. La réussite fulgurante ne peut donner lieu qu'à une fin violente. L'histoire de la musique fut donc marquée à jamais par ce groupe de rock aux frontières du jazz et aux airs de carnaval, aux paroles mélancoliques sur des mélodies enjouées. De ma petite culture musicale, je connais peu de groupes qui furent à ce point transpercés par la personnalité de leur leader tout en maintenant un niveau d'excellence musicale. Il faut bien l'écrire, il n'y a pas grand-chose à jeter sur les six albums du quatuor comme il n'y a pas eu grand-chose de lamentable dans la tumultueuse carrière du chanteur. Et il faut saluer la prouesse de ce documentaire qui raconte une histoire que beaucoup connaissent sans pour autant perdre de son intensité dramatique. Cette réussite tient, à mon sens, sur deux très bonnes idées :
Jim Morrison
La première est l'utilisation des images d'un road-movie expérimental (HWY- an american Pastoral de Paul Ferrara et Jim Morrison, 1970) qui donne au film un ton onirique qui tranche avec le déroulement linéaire de l'histoire du groupe. On y voit Jim Morrison qui s'auto-prend en stop sur une longue route dans le désert américain. Il met la radio et entend l'annonce de sa mort (archive sonore ajoutée par le réalisateur). Des séquences de ce film serviront de fil rouge au documentaire. Voici le spectateur assis au côté de Morrison pour revivre l'histoire du groupe, jusqu'à la ritournelle Mr. Mojo Risin'[1].
La seconde est l'utilisation exclusive d'images d'archives. Vous ne trouverez pas de témoignages des protagonistes se rappelant le bon temps (Johnny Depp, le narrateur, se charge des citations). Les archives, qui sont pour la plupart inédites ou peu utilisées, sont suffisamment abondantes et parlantes pour raconter l'histoire du groupe, capter les moments de solitudes, les éclats, le jeu, d'abord évident puis incontrôlé, du chanteur avec son image. Ce que réussit When You're Strange grâce à un montage audacieux mais jamais confus. La voix-off est par conséquent parfois de trop, parfois didactique et c'est bien dommage.
"When you're strange No one remembers your name" |
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Bah si.
Note de nolan : 3
When You're Strange (Tom Di Cillo, 2009).
[1] Dont je vous laisse découvrir l'origine et que l’on entend sur la chanson L.A. Woman (sur l’album éponyme, le dernier des Doors, datant de 1971).
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