Man of Steel : arme de destruction massive mais pour la paix
Un jeune garçon a le pouvoir d'écraser les autres d'un claquement de doigts. Mais emprunt de valeurs judéo-chrétiennes, il tâche d'aider son prochain en toute discrétion. Son père et un général vont le révéler à lui-même : combi moulante et destruction massive, les deux mamelles du nouveau Messie.
Réflexions pointues sur films obtus
On le sait, Zack Snyder a un défaut, il ne comprend pas ce qu'il filme. Aussi, va-t-il adapter 300 (2007) et Watchmen (2009) sans recul aucun. Sa mise en image vire vers un fascisme bon teint dans le premier et prend des accents anarcho-misanthropes dans le second sans interroger le contenu originel. Certes Franck Miller est un gros réac’ et Alan Moore un misanthrope mais le rôle du réalisateur n'est-il pas d'aller au-delà de la retranscription image par image des bandes dessinées ? Surtout lorsque les auteurs précités font assurément preuve d'une réflexion dans leur œuvre. Mais le cinéaste aime filmer et son goût pour le tape-à-l’œil n'est pas désagréable. Aussi le voir aux commandes d'un hénaurme blockbuster d'un personnage aussi lisse que Superman nous paraissait ne pas être une mauvaise idée. Las ! C'était sans compter la volonté de mettre une patte nolanienne à la genèse du héros en confiant le scénario à David Goyer et la production à Christopher Nolan. A la vue de la douloureuse première heure et demie, l'incroyable bienveillance que nous conservons pour le cinéaste britannique nous laisse penser que l'auteur de The Dark Knight (2008) est juste venu prendre le pognon et a à peine parcouru l'indigente histoire christico-ridicule gribouillée par Goyer. Donc, Jésus revient pendant une heure trente à la recherche de lui-même et de son père mais ici point d'humains qui ne savent pas ce qu'ils font (ils ne font rien), point de personnage féminin alors que Loïs Lane (ici, Amy Adams) a toujours été à notre sens le seul intérêt des adaptations du comics. Pire, Kal-El n'est pas un adepte de la grosse déconnade (il n'y a qu'une vraie blague - avec un photocopieur – sur tout le film). Pourquoi pas mais ça n'excuse en rien ces atermoiements d'un vide abyssal sur ce qui aurait pu être une bonne idée (Superman n'est pas superchaud pour sauver le monde parce que tout le monde va quémander en permanence ou le tuer parce qu'il est « différent »– donc peut-être gay). Mais après que le spectateur ait fait pénitence : place au barnum ! Ah ça, on dira ce qu'on voudra mais les destructions massives en mode Ancien Testament, c'est quand même plus sympa que de tendre la joue gauche. Avec un général Zod (Michael Shannon) qui assume son discours binaire, le film se transforme en gigantesque champ de bataille à peine interrompu par Superman, flottant les bras en croix dans l'espace avant de redescendre botter les fesses de ses compatriotes. On rit de bon cœur à la terraformation, on se surprend à supporter le bras droit de Zod, Faora (Antje Traue), guerrière plutôt efficace et peu portée sur les cafés philos. Bref, le film se libère d'à peu près tout, y compris les quelques neurones qu'il aurait pu avoir.
"- Vous serait-il possible de me passer le sel ? A défaut, je vous pulvérise." A l'approche d'un combat le général est toujours un peu tendu (Antje Traue et Michael Shannon)
Zod et Faora ne valent pas mieux que ceux qu'ils veulent détruire et Superman va les supprimer mais, de peur de finir seul avec sa mère (Diane Lane), il choisit de ne pas se débarrasser des humains. Et puis comme ça dans la dernière minute il craque sur Loïs Lane sans que l'on comprenne bien à quel moment il a remarqué sa présence. Et nous dans tout ça, on sort fatigué, un peu atterré, pas vraiment détendu.
nolan
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