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Diplomatie

11 Mars 2014 , Rédigé par Antoine Rensonnet Publié dans #Critiques de films récents

Piètre combat entre un réjouissant Arestrup et un médiocre Dussolier. D’autant qu’étant, pour l’essentiel, d’accord, ils parviennent rapidement à en trouver un. Et la tension cède face au vide et à la mollesse…

Le général von Choltitz (Niels Arestrup)

Le général von Choltitz (Niels Arestrup)

Diplomatie (Volker Schlöndorff, 2014)

 

Puisqu’il s’agit, rien de moins, que de la destruction de Paris – aux modalités grand-guignolesques -, on ne saurait écrire que Diplomatie est dépourvu d’enjeu. Celui-ci reste néanmoins tout théorique tant ce Paris, qu’il s’agisse de ses monuments majestueux ou des millions d’âmes qui l’emplissent, demeure une plate évocation. Qui, au surplus, ne risque pas grand-chose, le film ne pouvant prendre la liberté d’imaginer un autre sort que celui qui fut finalement réservé à la ville. C’est bien le seul point, nom des protagonistes à part, sur lequel la vérité historique est à peu près respectée et il constitue un hic supplémentaire. Aussi le duel qui s’engage entre le consul Nordling (André Dussolier) et le général von Choltitz (Niels Arestrup) est-il réduit à tourner à vide. Et même si, par bienveillance ou sensiblerie, l’on admet que faire sauter Paris, ce serait non seulement très embêtant mais aussi propice à nous faire pleurer de vraies larmes – pas celles que l’on feint de sentir monter à l’évocation de toutes les catastrophes éloignées mais celles qui viennent sans que l’on se force lorsqu’on est personnellement touché c’est-à-dire très rarement –, ladite joute manque tellement d’ambigüité qu’elle ne vaut toujours pas que l’on s’y attarde. Le bien et le mal sont clairement délimités et les deux protagonistes, quels que soient leurs défauts, sont, pour ne fâcher personne, plutôt du côté du premier. Dans ces conditions, on ne voit pas bien, au-delà du titre, où est la diplomatie. Loin de chercher un compromis dans les interstices du possible, Nordling et Choltitz livrent une curieuse partie où le second, après avoir répondu cent fois non, finit, devant l’évidence, par tout céder(1). Du reste, nul n’en doutait tant l’homme a de la prestance. Après tout, le propos est peut-être contenu, en creux, dans la composition d’Arestrup en vieux militaire désabusé qui mêle raideur, finesse et séduction, et parviendrait presque à nous convaincre qu’il y avait, comme le veut la légende – largement colportée par un Choltitz œuvrant à sa réhabilitation –, un infranchissable gouffre entre la Wehrmacht et les nazis. Cela paraît toutefois fortuit tant Volker Schlöndorff apparaît résolu à filmer sans la moindre originalité l’entraînement privé d’opposition d’une équipe de double mixte mal coordonnée – Dussolier est aussi fade que son partenaire est magnétique. Evidemment, cela n’éveille pas la passion.

 

Le général von Choltitz et le consul Nordling (André Dussolier)

Le général von Choltitz et le consul Nordling (André Dussolier)

Antoine Rensonnet

 

Note d’Antoine Rensonnet : 1

 

1 On aura reconnu là une adaptation du scénario des meilleurs Derrick dans lequel le personnage-titre (Horst Tappert), pour nous épargner une enquête fastidieuse ou des rebondissements inutiles, exerce une remarquable pression psychologique sur le suspect principal jusqu’à celui-ci, torturé par sa conscience et peut-être éprouvé par sa confrontation avec le regard globuleux de l’inspecteur, finisse par craquer et avouer son crime.

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