Under The Skin
Splendeur visuelle, Under The Skin réussit, à l'image de son interprète principale l'alliage entre deux formes, l’une très soignée et l’autre brute. Jonathan Glazer réalise un film beau et intrigant. Un coup de maître.
Under The Skin (Jonathan Glazer, 2014)
A la fin du film, on découvre que sous la peau de Scarlett[1] se cache une extra-terrestre. Un corps étranger venu sur Terre pour manger les hommes qu'elle ramasse à bord de son van, assistée par un mystérieux motard. Bien que d'une froideur qui en dit long sur le peu de cas qu'elle fait de l'humanité, certains comportements terriens attisent sa curiosité et interrogent même sa propre existence. C'est aussi simple que cela et pourtant profond. Sans doute parce que Jonathan Glazer fait de son film un alliage de parti pris visuels et sonores a priori antagonistes. Ainsi l'errance de la jeune femme dans un coin perdu de l'Ecosse est filmée à la caméra numérique mais est trouée par de sublimes moments où la grande composition des plans correspond à la disparition de l'homme dans le piège tendu par Scarlett. Elle traduit la confrontation du Beau et du Laid, un mélange complexe et hasardeux de sentiments nobles ou horribles. Et le cinéaste de reposer de belle manière la question originelle : Qui suis-je ?
L'environnement musical reste un des atouts majeurs du métrage et la longue expérience du cinéaste dans le clip musical (et notamment chez Massive Attack) se fait sentir. L'influence de Stanley Kubrick est aussi prégnante dans le découpage en trois parties, quelques moments glaçants (la bête mais compréhensible noyade à la plage ou cette traumatisante image du bébé abandonné) et l'introduction, hommage direct à 2001, odyssée de l'espace (1968). On pense aussi à David Lynch. Mais Glazer a son propre style. Son trait clair évite l'afféterie. Dans sa volonté d'explorer au mieux le langage cinématographique pour parfaire l'expression de son sujet, il rappelle que le septième art est le meilleur représentant de l'art contemporain.
nolan
Note de nolan : 4
[1] Mise en abyme de la star oblige, appelons donc ce personnage du prénom de son interprète.
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