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Blade Runner 2049, simple film

12 Octobre 2017 , Rédigé par Antoine Rensonnet Publié dans #Bribes et fragments

Blade Runner 2049 (2017)

Blade Runner 2049 (2017)

Blade Runner 2049, simple film – L’échec était inévitable et l’on remarquera, amusé ou déçu ou ravi, que Blade Runner et ses réplicants, fussent-ils, au fil de versions diverses (1982/1992/2007), triturés en tous sens par Ridley Scott et ses producteurs, formaient bien un modèle unique et surplombant, auquel, donc, sa suite doit se confronter. Évidemment, sans succès. Denis Villeneuve a beau ouvrir sur une étrange nature morte pour tenter un détour, il n’échappe pas lors de cette amorce à la comparaison. Blade Runner – on n’avait pas jusqu’ici correctement mesuré le tour de force réalisé – n’éprouvait pas le besoin de s’énoncer comme post-apocalyptique. 2049, si. Ce n’est assurément pas un gain. Puis vient la ville où chaque image, souvent pour le meilleur, en rappelle une autre mais où manque terriblement le son, ingrédient jadis décisif, sinon clou du spectacle. En 2049, Los Angeles ne grouille pas et la solitude des héros – prolongement thématique cette fois-ci pleinement accompli –, toujours aussi grande, ne se loge plus dans un bourdonnement monstrueux.

Plus globalement, c’est l’ensemble de la bande-son de l’original qui forme un cul-de-sac. Blade Runner est un film parfait en ce que ses vices, a priori structurels et rédhibitoires, s’y muent, par on ne sait quel enchantement, en morceaux de bravoure. Ainsi Roy Batty (Rutger Hauer) possède-t-il l’aura d’un magnifique ange charismatique lorsqu’il déclame un monologue très empesé alors que les synthétiseurs, si caractéristiques de l’époque et qui, partout, ont fort mal vieilli, délivrent encore, loin de tout ridicule, puissance et émotion. De là naît un équilibre, une syntonie même, qu’il ne saurait être question de recréer puisqu’il est résolument impossible de se payer de paroles ou de faire exploser la musique. D’ailleurs, quand 2049 parvient enfin à toucher, c’est en jouant de la lassitude ou, creusant plus loin dans le passé, en allant rechercher Elvis Presley et Frank Sinatra.

Pour le reste, il souffre encore de menus défauts, pour la plupart inhérents au projet. On s’agace de la réapparition, strictement inutile du point de vue de l’économie générale du récit, de Gaff (Edward James Olmos) et de ses origamis et l’on constate que s’il fût un temps, il y a trente-cinq ans environ, où Harrison Ford était et Han Solo et Indiana Jones et Rick Deckard, il n’est plus aujourd’hui, à force de répétitions, qu’Harrison Ford vieux. S’y ajoute, pour rendre moins digeste toute cette trop longue affaire (deux heures et demie !), un démiurge grotesque (Neander Wallace – Jared Leto), apparemment très soucieux d’une pénurie de réplicants qui partout prolifèrent et qu’il massacre sans la moindre hésitation…

Bref, 2049 est un film anodin. Malgré tout, c’est un film et ce n’est déjà pas si mal par les temps qui courent. Quand bien même il ne l’a pas inventé, il est doté, bien qu’il doive renoncer à saisir intégralement l’esthétique de Blade Runner, d’un charme plastique certain et, en dépit des incohérences plus haut signalées, il déroule, pianissimo, une intrigue plutôt solide. In extremis, s’il ignore superbement celui de la nouvelle frontière, il parvient même à apporter sa petite pierre au thème, phare en science-fiction, du robot : pourquoi et comment, bien qu’il ait conscience de sa condition, continue-t-il de se rêver humain ? Cet enjeu, certes à peine effleuré au bout de l’enquête et de la quête de K (Ryan Gosling), ne figurait pas au programme de Blade Runner. Même limité, l’apport de 2049 n’est donc pas nul.

 

Antoine Rensonnet

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A
Salut,<br /> <br /> Pour être honnête, je préfère largement l’ancienne version. Je trouve que Blade Runner 2049 manque d’originalité. Toutefois, Ryan Gosling reste l’un de mes acteurs préférés et je suis contente de l’avoir revu à l’écran.
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B
J'ai trouvé également le film épatant. Je suis d'accord sur les facilités relevées, notamment le... comment appellent-ils ça déjà ? fan service ? A savoir, le metteur en scène contraint de placer le fan dans son équation... Ici avec Gaff, inutile. Quoiqu' il est aussi dans mon esprit le commandant de la flotte de Battlestar galactica, chouette série (politique à l'occasion)... Ford a vieilli mais est nettement moins mauvais ici que dans le Réveil de la force. Et puis, je ne suis pas d'accord, il est bien question de nouvelle frontière (frontière technologique n'est-ce pas ?) et traitée superbement, en faisant de Blade runner 2049 un western (comme la version de 1982 était un film noir). Villeneuve à mes yeux réussi bien son adaptation, même si elle a ses défauts (Wallace notamment)...
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B
C'est vrai que de tout le temps coché qu'on n'est pas des robots, on finit (malgré la mécanique du geste lors de la preuve à fournir) par y croire
A
PS (message à overblog) : puisqu'il est question de robots et de lutte contre ceux-ci, ça commence à me fatiguer leurs procédures de vérification où il faut cocher des images sur lesquelles on ne voit rien.<br /> 1) Je préfère le test Voight-Kampff.<br /> 2) Je ne suis pas un réplicant.<br /> 3) Je commente sur mon blog si j'ai envie.
A
Bonjour Benjamin,<br /> <br /> Ce qui est amusant avec l'apparition de Gaff, c'est que non seulement, elle ne sert à rien mais elle est absolument traitée comme tel puisqu'il contente de dire à K qu'il ne sait rien et que, donc, bref, pour son enquête, c'est juste une perte de temps.<br /> Pour Harrison Ford, en soi, il n'est pas mauvais du tout (et, d'ailleurs, je ne le trouvais pas exécrable non plus dans Le Réveil de la force). Mais je crois qu'il est impossible, de par la nature même des projets dans lesquels il se retrouve, qu'il échappe à apparaître d'abord comme lui-même en vieux. Cela a un côté tournée des Rolling Stones, en fait...<br /> Ce qui, par contre, est très réussi et que je n'ai pas suffisamment souligné, c'est ce lieu où K le retrouve - avec ces technologies de projections en 3D qui sont à la fois tout à fait modernes et complètement dépassées, selon le point de vue temporel que l'on adopte. Là, le film fait vraiment le pont entre toutes "ses" époques (en allant même en chercher d'autres plus reculées) et c'est un joli tour de force.<br /> Pour ce qui est de la nouvelle frontière, je l'envisageais uniquement du point de vue spatial. Et c'est une dimension qui était présente dans l'original et qui, là, me semble-t-il, fait défaut. Je n'avais d'ailleurs pas vu le film comme un western - ce qui, pourtant, est une piste pour les films de science-fiction. D'ailleurs, sur les thématiques de ce genre, j'y reviens bientôt.
S
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte. un blog très intéressant. J'aime beaucoup. je reviendrai. N'hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo). au plaisir
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N
2h45 même ! Oui le personnage de Wallace est pas terrible, j'ai un peu décroché lorsqu'il apparaissait à l'écran ses monologues sont très longs. Villeneuve étire toutes les scènes, parfois ça ne marche pas. <br /> Par contre, j'ai tout de même trouvé le film épatant, il a un pouvoir hypnotisant (je l'ai vu après une fort courte nuit dois je préciser)
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