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Enter the void

13 Mai 2010 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Présenté comme une expérience sensorielle psychédélique, le film de Gaspard Noé est en réalité une réflexion incompréhensible et trop longue sur le cycle de la vie. C’est une grande déception.

 

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enter the void

Les mains d'Oscar (Nathaniel Brown)

 

Le scénario d’Enter The Void – un petit dealer blanc (Nathaniel Brown) à Tokyo se fait buter et une fois mort s’inquiète pour sa sœur (Paz de La Huerta) amoureuse de lui – n’a pas grand intérêt. Il sert à articuler simplement une idée formelle avec le contenu à l’instar d’Irréversible du même auteur (2001). Seulement, et contrairement à ce dernier, cela ne peut guère se faire faute d’aboutissement sur le plan formel et d’un contenu illisible. Sur ce dernier point, il me semble que le propos du film est le suivant : la vie, c’est-à-dire la chair et le sang, est absolument dégueulasse, heureusement que, bébés, nous avons pu téter les seins de notre mère. Ainsi le film est-il une succession de saynètes glauques, de lumières éclatantes vers lesquelles l’humanité fonce mais qui ne conduisent que vers la mort. Pourtant et malgré la répétition des évènements, on se demande bien où le film veut en venir. Et si l’on fait abstraction du très cultivé réalisateur Gaspard Noé, pour ne se concentrer que sur l’œuvre qui fait l’objet de cette note, on aurait tôt fait d’y voir une connerie un peu réac et boursouflée. Ainsi, de nombreuses scènes de sexe moches comme tout - toujours présentées du point de vue du petit dealer mort omniscient, Oscar, qui trouve ça dégueu – parcourent le métrage pour atteindre son paroxysme dans la dernière partie dans laquelle une succession de couples fait l’amour dans Tokyo. Cela m’a fait penser à la scène de la « partouze tellurique » de Zabriskie Point (Michaelangelo Antonioni, 1970). Mais Antonioni réussit quelque chose de beau et d’intemporel alors que Noé reste sur le registre qui veut que les gens qui baisent se font aussi bien baiser par la vie. Seul l’amour maternel ou fraternel qui, malgré une évidente tension sexuelle, fait abstraction des choses de la chair, semble pouvoir faire sortir du piège implacable de la vie. Ainsi, le sexe pervertit-il indirectement les relations entre un fils et sa mère et l’on comprend qu’Oscar ne fait pas l’amour avec sa sœur pour éviter cela. S’ajoute à cela, le mot LOVE, qui brillant constamment, habille le film d’une petite touche de ridicule.

Avec un générique magnifique, des plans séquences virtuoses, quelques images psychédéliques et de l’effet stroboscopique à tout crin, le film aurait pu réussir son pari d’être une expérience cinématographique particulière. Pas nouvelle, comme le répète l’auteur à longueur d’interviews[1], mais assez rare pour être remarquée. Mais la volonté d’instaurer le malaise[2] couplé à l’incroyable et inutile longueur du film vient dévorer les ambitions initiales et la délicatesse avec laquelle est filmée Paz de la Huerta ; les lumières fluo sur Tokyo ne viendront rien changer. C’est bien dommage.

 

nolan

 

Note de nolan : 1

 

 


[1] Le film cite deux fois 2001, L’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1969) et Gaspard Noé parle souvent de Inauguration of the Pleasure Dome de Kenneth Anger (1954)

[2] On ne pourra donc pas reprocher au film d’être une ode à la défonce. A ce propos, on peut voir ici ou sur le net des petits récapitulatifs des films psychédéliques, mais aucun ne cite le très coloré et virevoltant Speed Racer (Andy et Lara Wachowski, 2008).

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B
<br /> <br /> C'est vrai qu'on suit le regard d'Oscar mais je suis pas certain qu'on puisse y trouver sa perception, son avis sur ce qui se déroule.<br /> <br /> <br /> Je le vois un peu comme ça ce film, on voit, on ressent mais il n'y a pas forcement de position sur la vie, la mort, le sexe, etc...<br /> <br /> <br /> Pour l'expo, c'est bien sûr très bien que ce film passe au ciné, je faisais juste le rapprochement avec des vidéos et ou installations dans les expos, le film m'y a beaucoup fait penser. En ce<br /> sens, le film irait au delà ou de façon radicalement différente de ce qu'on voit habituellement.<br /> <br /> <br /> Ca me fait penser, pour les films récents, à "Hunger" de Steve McQueen, qui avait clairement une approche d'artiste plasticien pour réaliser son film.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Merci Brx pour ton commentaire.<br /> <br /> <br /> Deux petites précisions : Il me semble que le but était de faire ressentir l'expérience de la mort par le point de vue d'Oscar. C'est son histoire qui est racontée, donc je pense que<br /> l'articulation des scènes implique que nous devons ressentir ce qu'Oscar ressent (la culpabilité vis-à-vis de sa soeur comme simple exemple). Non ?<br /> <br /> <br /> Je suis pour ma part ravi qu'un film comme celui-ci soit diffusé en salle. Pourquoi une exposition lui rendrait plus justice ? Qu'entends-tu par simple film ?<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Ce film n'est pas une sinécure pour le "critiquer", encore plus que les précédents film de G Noé.<br /> <br /> <br /> Je te suis tout à fait sur le superbe générique et les scènes virtuoses, pour le reste j'adhère pas tout à fait à ta vision et aux "pistes" que tu évoques.<br /> <br /> <br /> Plus précisément, je ne crois pas qu'on ai à un seul moment l'avis d'Oscar sur le déroulement de l'histoire, sur le sexe, la mort,...bien que tout se déroule à travers ses yeux.<br /> <br /> <br /> Le film est très long et parfois pénible mais je crois que ça l'amène vers autre chose qu'un simple film, quelque chose qui aurait plus sa place dans une expo d'art peut être (ds les expo il y a<br /> souvent des oeuvres dans lesquelles le spectateur est "bousculé" dans ses sens et ses repères).<br /> <br /> <br /> Voilà pour mon vécu du film.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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