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Mission : Impossible – Protocole Fantôme

6 Janvier 2012 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Le dernier épisode de la franchise Mission : Impossible a comme accroche la phrase suivante : « Pas de plan. Pas de renfort. Pas le choix ». Nous pourrions ajouter : Pas de méchant. Pas de scénario. Et pourtant, ce film constitue un fort bon divertissement.

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MI4_Cruise-Renner.jpgJeremy Renner prend le pied de Tom Cruise

 

La série de films Mission : Impossible est l'oeuvre de Tom Cruise. Dès le premier épisode (Brian de Palma, 1996), la méga-star choisit des réalisateurs à forte personnalité qui devront collaborer avec lui. Ce sont ses films et il invite des cinéastes à faire preuve de leur talent technique pour les mettre en image. Nous pouvons légitimement nous interroger sur les possibilités artistiques d'une telle démarche, force étant de constater que les films sont avant tout à la gloire de l'acteur avant d'être des œuvres originales. Pourtant le premier Mission : Impossible qui fut à l'époque fraîchement accueilli par la critique et par son réalisateur, alors en pleine forme, qui refusa d’en faire la promotion, n’est pas mal du tout. Il joue sur les faux semblants, propose de belles scènes, des cascades gonflées, et une trahison en règle de la série, ce qui est assez cohérent connaissant le tempérament autocentré de l'acteur. Les deux épisodes suivants, malheureusement, ne tiennent pas la route et l'ego de la star eut raison de ceux, assez gonflés également de David Fincher et Joe Carnahan, qui quittèrent l'aventure du troisième épisode en cours de route. Sans doute plus diplomate, J.J. Abrams prit en charge le métrage qui sans atteindre le ridicule de la version de John Woo (2002, le plus gros succès de la franchise à ce jour), nous présenta une œuvre soûlante et dont l'amusant macguffin (personne ne saura jamais ce qu'était « la patte de lapin ») ne faisait que souligner la complète vacuité du blockbuster. Episode qui fut le point de départ de la déchéance de l'acteur qui navigua entre films difficiles à rembourser, interviews embarrassantes et rencontre avec Nicolas Sarkozy. Aussi, cette quatrième aventure sortie d'un peu nulle part ressemblait à la version cruisienne du recyclage opéré récemment par Stallone de ses personnages. Bingo, en choisissant Brad Bird, il semble que Tom Cruise ait trouvé ici un faiseur plutôt talentueux qui fait le boulot rapidement, proprement et arrive à en faire un peu plus qu'un simple produit.

 

MI4_Pegg.jpgSimon Pegg

 

Aussi, le cinéaste file la métaphore dès la première scène[1] : c'est Tom Cruise qui commande, au réalisateur de le suivre et de rendre tout cela possible. Ainsi la relation instaurée entre Ethan Hunt (Cruise) et l'informaticien de génie Benji Dunn (Simon Pegg) est-elle à l'image de celle qui lie la star et le metteur en scène. Qu'en est-il du film (toutes mes excuses pour cette introduction hors format) ? Et bien, il reprend vaguement la trame du premier (la mission qui foire et l'équipe acculée), l'empilage de courts métrages du trois (il est divisé en quatre parties quasiment autonomes) et les cheveux longs du deux. En feignant de privilégier l'équipe sur le héros seul contre tous, le long métrage offre à chacun des « gentils » quelques moments de bravoures parfois stupéfiants comme celui d'Hanaway (Josh Holloway) dans la première partie, mais restants, la plupart du temps, coachés par Ethan Hunt, ils ont tendance à se faire indigestes. Bird prend cependant soin d'organiser les chassés-croisés avec une grande visibilité, le film prenant la forme d'un ballet (Les acteurs dansent plus qu'ils ne se battent – c'est assez joli) et sa réalisation qui joue aussi bien sur le cadre que sur le montage est d'une redoutable efficacité. Nous pensons ainsi à la double scène des négociations, dans la plus haute tour du monde à Dubaï, pour obtenir des codes qui voit jouer les mêmes événements d'un étage à l'autre avec des personnages différents ou encore à celle se situant en Inde dans laquelle, sans que le verre ne déborde, se croisent huit protagonistes.

 

MI4_Seydoux.jpgLéa Seydoux n'est pas bien méchante


Evidemment, les scènes d'actions sont à tomber par terre, les plus belles étant réservées à Ethan Hunt, avec pour climax la partie à Dubaï, toutefois assez révélatrice des défauts du film. Pour enchaîner les moments de bravoures sans couler l'histoire dans des explications cherchant à rendre les choses cohérentes, Protocole Fantôme a un scénario fantôme également. Une vague histoire de purification par le nucléaire qui nous fait croire que les scénaristes hollywoodiens sont encore en grève, des plans aussi capillotractés qu'injustifiés et des excuses pas possibles pour aller voir du pays. Autant le dire, cela ne pose aucun problème. Au contraire, nous sommes comme des enfants, nous voulons croire à ses déroulements irréalistes parce que c'est bien plus rigolo. Avec une pointe d'ironie, Bird et Cruise glissent une scène entre l'agent Willy Brandt (authentique ! – Jeremy Renner) et Hunt discutant de l'intelligence limitée de sbires qui croient à tous les leurres, ce qui leur permet, une fois de plus, de s'échapper sans trop de blessures. Pourtant ce sacrifice scénaristique doublé de la volonté de mettre en avant les membres de l'équipe en implique un plus conséquent : une absence de méchants. Attention des méchants, il y en a. Nous les voyons à l'écran. La tueuse Sabine Moreau (Léa Seydoux), qui existe surtout grâce à son vertigineux décolleté, et le scientifique Heindricks (Michael Nyqvist) super malin super musclé malgré un embonpoint dû à son âge, brillent par leur absence totale de charisme. Nous ne sommes pas sûrs qu'un méchant qui devient lui-même macguffin soit le choix le plus approprié.

 

MI4_Cruise-Renner-Patton-Pegg.jpgTom Cruise et Jéremy Renner s'apprêtent à s'attraper leur pistolet respectif

devant Paula Patton et Simon Pegg

 

Mais Tom Cruise a besoin de parler de lui et privilégie les scènes avec Brandt, le petit jeune qui monte et fait office de faire-valoir, et s'offre un pas de deux qui voit les deux agents se démonter les pistolets avant de se regarder dans les yeux n'osant pas s'avouer leur petit secret (l'interprétation de la scène est à la discrétion du spectateur, les avocats de Tom Cruise étant, paraît-il, assez sourcilleux sur le sujet). Et puis, bien sûr, le film est trop long. Toujours à Dubaï, alors que nous en avons déjà eu plein les yeux, nous revoilà à suivre Ethan Hunt dans une tempête de sable (fort réussie esthétiquement) qui va littéralement mettre le métrage sur les genoux. Aussi, après cette poursuite de trop, le film va devoir reprendre son souffle quand nous, commençons à regarder la montre. Le film aurait pu (dû !) se terminer à Dubaï mais, pour une raison nous échappant (une durée minimale contractuelle ?), un rebondissement est prévu, l'utilisation d'un personnage vu au début sert à relancer la machine. C'est bien lourd. Une fois en Inde, nous en avons plein les mirettes dans un nouveau ballet – cette fois d’ascenseurs pour véhicules qui orchestre le massacre entre le héros et le méchant. « Mission accomplie ! » s'écrie l'agent Hunt en mauvais état. Globalement oui.

 

MI4_Cruise-Nyqvist.jpgTom Cruise et Michal Nyqvist dans une version moderne du Lac des Cygnes

 

 

nolan

 

Note de nolan : 2

Note d'Antoine : 2

 

Mission : Impossible – Protocole Fantôme (Brad Bird, 2011)

 



[1]    Et je renvoie pour le détail à la critique du film sur le blog La Kinopithèque dont l'analyse me paraît tout à fait juste.

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M
Yeah! I agree to that totally. Like its previous parts, Mission: Impossible - Ghost Protocol is a really good entertainer. Nobody will feel disappointed after seeing this film. Tom Cruise is in his best form as always. Thank you!
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N
<br /> Ah ah ah, je n'avais même pas capté.<br /> <br /> <br /> Top d'Antoine aujourd'hui, le mien fin janvier.<br />
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B
<br /> Et Léa Seydoux avec quoi elle se bat ?...un tir-bouchon pardi ! ahah so français !<br /> <br /> <br /> PS: le top ten ! le top ten !<br /> <br /> <br />  <br />
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N
<br /> Léa Seydoux a toujours l'air fatigué (elle a des cernes), mais surtout elle ne fait pas bien peur (cf. la scène de baston embarassante - un cat fight entre Paula Patton et elle).<br />
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A
<br /> Bon, on se détend, on se balade, on brode sur un embryon de scénario qui nous rejoue la guerre froide dans le village mondial et le tout est un peu long mais c'est du n'importe quoi<br /> grandguignolesque appréciable lorsqu'on est de bonne humeur. Tom Cruise refuse absolument d'assumer son âge - pas assez d'humour par rapport à ce qu'il est, représente ou croit être ; sans doute<br /> le plus gros défaut du film - et Léa Seydoux a l'air assez fatigué. Bref, ça ne casse pas trois pattes à un canard mais ça suffit à faire un divertissement correct. Mission accomplie, je suis<br /> d'accord - y compris avec ta notation.<br />
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