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Alice au pays des merveilles

5 Avril 2010 , Rédigé par Ran Publié dans #Critiques de films récents

Un nouveau Tim Burton ne peut être, au vu des éminentes qualités du réalisateur, qu’un événement. Pourtant un doute me saisissait avant de découvrir Alice aux pays des merveilles. Et, en effet, l’auteur, absolument pas motivé par son projet, signe l’un de ses plus mauvais films. Un vrai désastre.

 

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Le-chapelier-fou.jpgLe chapelier fou (Johnny Depp)


Une certaine inquiétude m’étreignait au moment de découvrir cet Alice aux pays des merveilles. Que ce soit clair, je considère Tim Burton comme l’un des plus grands réalisateurs contemporains et, au cours de ces vingt-cinq dernières années, il a signé de véritables chefs d’œuvre à commencer par Batman returns (1992) mais sa carrière compte également quelques ratés notamment un blockbuster, La Planète des singes (2001), et surtout ce film véritablement honteux – car il y joue médiocrement de son image en donnant à voir aux spectateurs qui l’apprécient mais n’ont jamais compris les véritables qualités de ces films ce qu’ils attendent de lui – qu’est Big Fish (2003). Production Disney se passant dans un univers féérique et onirique, Alice aux pays des merveilles pouvait donc laisser craindre le pire au regard des deux films précités. Certes, depuis ceux-ci, Burton avait redressé le cours de son œuvre opérant d’ailleurs un virage très pessimiste (mais réjouissant) avec l’excellent Charlie et la chocolaterie (2005) et surtout Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street (2007), un film d’une misanthropie telle que Fritz Lang ne l’aurait pas renié. Aussi, au vu de la décennie contrastée vécue par l’auteur, la prudence ne pouvait être que de mise avant d’aller voir le nouvel opus de celui-ci.

 

Eh bien ! Disons-le d’emblée, c’est un fiasco quasi-absolu. Et pourtant, il y avait bien des choses à faire avec un tel sujet. Le réalisateur aurait du se sentir plus qu’à l’aise dans cet espace merveilleux et imaginaire à la fois fermé au monde réel et ouvert à tous les possibles (comme c’était déjà le cas, par exemple, dans L’Etrange Noël de Mister Jack, projet mené en duo avec Henry Selick en 1993) mais Burton ne l’exploite guère et ne créé pas un univers à la fois inquiétant et irrésistible. Quant au thème du rapport au corps – qui aurait du d’ailleurs s’articuler avec celui à l’espace puisque Alice (Mia Wasikowska) ne cesse de grandir et de rapetisser sans jamais trouver sa taille normale dans son nouvel univers –, il n’est qu’effleuré et ne fait l’objet d’aucun développement malgré cette galerie de personnages aux physiques improbables et déformés. De tous ces possibles, Burton n’a que faire et, de manière générale, on ne le sent guère concerné par son film. Ainsi se contente-t-il de dérouler un consternant scénario de (mauvais) jeu vidéo des années 1990 avec un pathétique combat final à la Donjons et dragons. Quant à ce renouveau de la mode du film en trois dimensions, il n’apporte presque rien à l’exception d’une perte fort dommageable en ce qui concerne l’utilisation de la profondeur de champ et beaucoup d’un flou qui n’a rien d’artistique.

Pour être juste, on trouvera bien deux ou trois choses à sauver de ce mauvais blockbuster. Disons quelques images comme celles du chat flottant dans l’air ou celles des deux armées, la rouge étant composée de cartes alors que la blanche l’est de pièces d’échecs mais leur combat tourne tout de même au ridicule… Quant aux personnages, seul celui de la reine rouge (Helena Bonham Carter) est, avec son obsession de couper les têtes, assez réussi mais les autres, au-delà d’une Alice fadasse au possible, manquent tous d’une folie – qu’il s’agisse du chapelier dit fou (Johnny Depp) ou des différents animaux – pourtant indispensable à la réussite du film et sont tous bien trop positifs. Le symbole absolu du manque total d’implication de Tim Burton est sans doute cette si mièvre reine blanche (Anne Hathaway) qui représente sans doute tout ce que le réalisateur déteste (et dénonce) habituellement. Mais il est visiblement si peu motivé par son projet que le laisser s’enliser dans le manichéisme le plus triste ne le dérange guère…

Définitivement donc, cet Alice aux pays des merveilles est un raté absolu.

 

Ran

 

Note de Ran : 1

 

Alice au pays des merveilles (Tim Burton, 2010)

 

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T
I felt it was a very good adaptation by the visionary director Tim Burton and he did obviously choose his ever so old partner in crime to assist him in making it the best. Johnny Depp was scintillating as the mad Hatter.
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