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Belle épine

17 Novembre 2010 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Chronique d'une adolescente confrontée à la mort subite de sa mère, au deuil de son entourage, à elle-même, femme en devenir et pas assez accomplie. Ça a l'air chiant comme ça mais c'est très bien.

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Belle-epine.jpgLéa Seydoux

 

Mort soudaine de la mère, découverte de la sexualité, absence du père, tout cela dans un premier film français d'une étudiante de la Fémis ultra bien reçu des Inrocks à Libé, voilà de quoi donner des crises urticaires à tout fan de Peter Jackson qui se respecte, aux anti-Christophe Honoré mais aussi à moi - même si je n'ai pas grand-chose contre l'auteur de Brain dead (1992) et que je ne pense que du bien de celui de La Belle personne (2008). Mais comme il y a Léa Seydoux, je suis allé voir Belle épine. Et il s'avère que le film est de qualité.

Evidemment, on n'a pas grand chose à rajouter aux compliments qui fusent sur l'interprétation de l'actrice principale, effectivement remarquable et condition sine qua non de la réussite du film complètement centré sur cette jeune fille, Prudence – qui vient de perdre sa mère – en mode renfermé cherchant des sensations fortes chez les motards de Rungis (le film se déroule dans les années 80). Il faut louer la remarquable réalisation (en particulier la photographie et la musique) qui utilise à merveille l'imaginaire de cette époque, ses loubards en perfecto noir, l'absence de téléphone portable et l'image très réaliste et un peu sale des films de ces années. Qu'il y ait quelqu'un d'autre dans le cadre ou pas, Prudence est toujours isolée, ses gestes et ses paroles semblent parfois manquer de logique (quelle idée de dire à son amoureux qu'elle a toujours des poux !). Le film retranscrit vraiment bien l'envie de Prudence de ne pas quitter l'appartement dans lequel sa mère est morte mais de le remplir de monde pour ne plus y penser. De même, elle cherche à remplir sa tête de frissons, de sensation de plaisir, de nouveauté, et tout cela le plus vite possible comme pour faire écho à la soudaineté du décès maternel. Et entre les vols à la tire, les soirées avec les motards, c'est surtout un rapport à la sexualité, à l'évidence un mystère pour la jeune fille, qui fait figure de fil rouge de l'histoire. On ne sait pas vraiment si Prudence est vierge. Elle dit le contraire mais semble se mélanger un peu les pinceaux lors d'une discussion avec sa meilleure copine – Anaïs Demoustier. Pourtant, Prudence aura plus tard dans le film une relation sexuelle qui sera assez proche de celle qu'elle raconte plus tôt sur sa première expérience (assez rapide, "pas le temps de voir sa bite"). Et le mystère reste aussi épais que les sentiments profonds de Prudence. Cherche-t-elle à s'affranchir de toute dépendance affective ? A-t-elle envie de se tuer ? Ce sens du non-dit participe, au même titre qu'un éclairage de plus en plus fantasmagorique, à la dimension un peu irréelle qui contamine le film à mesure qu'il avance pour finir sur un fantasme très émouvant dont l'impact est dû à la rupture du mutisme de Prudence. Toutefois, la jeune femme sera encore une énigme et le charme du film restera intact.

 

nolan

 

Note de nolan : 3 

 

Belle épine (Rebecca Zlotowski, 2010)

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R
<br /> <br /> Oui, des idioties, il y en a plein les palmarès. Mais Canet, c'était quand même quelque chose. Et puis, Fahrenheit 9/11 à Cannes, l'année de 2046 (ah, ça y est, je suis énervé,<br /> je n'aurais pas dû en parler).<br /> <br /> <br /> PS : Merci de me construire une joulie page sur Fritz Lang !<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Cher Ran,<br /> <br /> <br /> Le Cesar du meilleur réalisateur à Canet (tiré seulement comme tu l'as écrit par le scénar et le casting) alors que Resnais était nommé, je pense que c'était le pire parce que cette récompense<br /> avait une forte valeur symbolique.<br /> <br /> <br /> Les acteurs qui se font chourrer les récompenses, ça arrive mais c'est moins grave (souviens toi de Romain Duris pour De Battre mon coeur s'est arrêté de Jacques Audiard en 2005...).<br /> <br /> <br /> Les Oscar, plus prestigieux, contiennent aussi de nombreuses aberrations : Elir Ron Howard pour Un homme d'exception (2001) alors que David Lynch pour Muhlloland Dr (id) était<br /> selectionné, c'est quand même bizarre (j'aurais pu comprendre si le Lynch était trop abscons pour l'Académie mais là, récompenser l'andouillerie de Howard à la place !).<br /> <br /> <br /> Quant à la cérémonie de ce soir, j'ai déjà fait mon deuil pour Social Network. Il y a la jurisprudence Shakespeare in Love (David Parfitt, 1999) qui s'est appliquée pour Slumdog Millionnaire (Danny Boyle, 2008)<br /> et qui s'appliquera pour le Discours d'un roi (Tom Hopper, 2011). Tant pis. Et chez les acteurs, il n'y ni Di Caprio ni Damon.<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Shakespeare in Love de John Madden et non David Parfitt, producteur.<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> <br /> La pauvre. Rappelle-toi l'année où on avait donné le césar du meilleur réalisateur à Guillaume Canet (face à Alain Resnais et Pascale Ferran). Et, imagine si les récompenses pleuvent aux Oscars<br /> pour Le Discours d'un roi (d'autant qu'il y a de bons films en face).<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Une petite pensée pour Léa Seydoux qui s'est fait voler son Cesar vendredi dernier (heureusement que ça compte pas).<br /> <br /> <br /> <br />
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