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American Bluff

18 Février 2014 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

American Bluff, c'est du David O'Russel tout craché : bien surestimé par la critique mais pas trop mal quand même. Son délire gangstero-capillaire est trop long mais tient à peu près la route.

 

Bradley Cooper et Christian Bale

Bradley Cooper et Christian Bale

American Bluff (David O’Russel, 2013)

 

Drôle de parcours que celui de David O'Russel. Après un relatif succès dans la satire militaire (Les Rois du Désert, 1999), le cinéaste devient tricard suite au tournage désastreux de J'adore Huckabees (2004) et de la fuite sur le net de ses homériques colères contre l'une des actrices. On le croyait perdu dans les limbes d'Hollywood quand il se vit offrir la rédemption à travers le très académique et sans envergure Fighter (2010), machine à oscars pour ses interprètes. Se ressaisissant, il délivre le plus inspiré Happiness Therapy l'année dernière et enchaîne avec cet American Bluff, doté d'une ambition un peu plus large.

Jeremy Renner

Jeremy Renner

A n'en pas douter, O’Russel est un fervent admirateur du cinéma américain des années 70. Difficile de ne pas voir Woody Allen dans ses personnages névrosés, de ne pas penser à Cassavetes quand il cadre de près ses acteurs à fleur de peau. Mais surtout O'Russel s'inspire largement de Scorsese. Il n'est pas le premier mais fait montre d'un certain talent, celui – comme l'annonce le petit escroc Irvin Rosenfeld (Christian Bale vraiment marrant) – de faussaire. Qui est le plus fort ? Le faussaire si bon qu'il atteint le talent du maître ? Ou le maître lui même ? A la faveur de la sortie quasi simultanée du Loup de Wall Street, la critique Outre-Atlantique (et également, semble-t-il, française) semble avoir jeté son dévolu sur le faussaire. Tant mieux pour le plus jeune des cinéastes mais il apparaît tout de même que le septuagénaire italo-américain domine encore largement la jeune garde tant sa dernière œuvre, aussi vide soit elle, se révèle plus insolente et plus virtuose que celle foutraque d'O'Russel.

Un petit garçon et Jennifer Lawrence

Un petit garçon et Jennifer Lawrence

Ne boudons pas notre plaisir, le film est amusant. Il raconte comment un agent du FBI trop ambitieux (Bradley Cooper) pince puis embringue un couple d'arnaqueurs de petite envergure (Bale et Amy Adams) dans un plan visant à faire tomber le maire d'Atlantic City (Jeremy Renner), pas pourri mais susceptible de le devenir. Le cinéaste calque le schéma Des Affranchis (1990) et de Casino (1995) partagé entre l'hommage et le second degré. Rempli ras la gueule de travellings avant, de cabotinage effréné, de voix off et de séquences outrées, le film n'est pourtant jamais indigeste même s’il aurait pu compter une bonne demi-heure de moins. Force est de reconnaître le talent de directeur d'acteurs du cinéaste qui rend complice le spectateur des roucoulades et roulement d'yeux en tout genre. Associé à un sens du dialogue qui faisait déjà mouche dans l'opus précédent, le divertissement est de qualité. A ces titres, Jennifer Lawrence en desperate housewife simplette et hystérique délivre quelques séquences hilarantes.

 

Amy Adams

Amy Adams

Quand il s'agit de basculer dans le drame, ça patine quand même un peu. Surtout qu'en osant prendre le parti des escrocs ou en voulant disserter sur le politicien qui prend les pots de vins uniquement pour le bien de la communauté, on ne voit pas trop où le réalisateur veut en venir (1). Pire, le personnage de Christian Bale se fend d'un laïus final en mode « vous n'avez même pas réussi à choper les vrais méchants, ceux de la finance » qui surligne que le côté brouillon de l'intrigue n'a plus rien de charmant quand le métrage se prend trop au sérieux.

 

nolan

 

Note de nolan : 2

 

Note d'Antoine Rensonnet : 2

 

(1)Sur ces thèmes, on ne pourra recommander que très chaudement la série Treme de David Simon.   

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B
Film très largement surestimé on est d'accord. C'est très long, très "verbeux", on attends en vain un peu de mouvement. Alors on s'ennuie pas tout à fait mais tout le film et les acteurs sonnent faux à vouloir reconstituer une ambiance 70es, on dirait du Guillaume Canet !
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N
N'ayant pas eu la &quot;chance&quot; de voir Blood Ties, je ne peux pas savoir si cela ressemble à du Canet. Mais comme les copieurs de Scorsese sont nombreux (et leur talent variable), c'est possible. Sauf que O'Russel fait de ses postiches un élément comique et il ne me semble pas que Canet avait la même intention (c'est ce qu'on appelle le comique involontaire). <br /> C'est vrai qu'ils parlent beaucoup mais par contre, ça ne me dérange pas quand les dialogues sont savoureux. Et ils le sont la plupart du temps.
A
Evidemment : film de casse dans sa version moderne, assez proche de la comédie, et non comme sous-genre du film noir.
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A
Je suis assez d'accord avec toi même si je n'avais pas pensé à Scorsese pendant la projection.<br /> <br /> Ce qui est amusant et sans doute plus significatif que surprenant, c'est que O'Russel échoue dès qu'il cherche à donner de l'ampleur à son projet. Et, logiquement, plus il cherche à l'échec, plus cet échec se fait criant. Sa réflexion sociologique est acceptable mais médiocre, sa représentation d'une passion amoureuse beaucoup trop plate alors que sa volonté de signer une sorte de conte moral est juste risible.<br /> Par contre, quand il limite ses ambitions et reste dans les clous d'un genre - le film de casse -, il s'en sort avec les honneurs et réussit le film ludique, léger, enlevé que l'on espère.<br /> Bien sûr, la tentative de donner de l'ampleur alourdit et dégrade inutilement le film de genre mais celui-ci, quand même, existe au point qu'il suffirait de raccourcir l'ensemble d'une demi-heure/trois quarts d'heure et d'éliminer certains éléments pour avoir un modèle.<br /> Si tout cela montre que O'Russel est un petit maître visant trop haut, qu'il parvienne à ne pas tuer sa matière première, dénote un certain talent. Et, puisque quelques critiques se pâment devant les évidents défauts du film, il faut bien lui reconnaître une forme supérieure d'habileté, certes bien éloignée du génie...
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