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Saint Laurent

28 Octobre 2014 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Le très luxueux film de Bertrand Bonello est d'une grande beauté formelle. Trop long à se déployer, il n'en reste pas moins une œuvre fascinante. Parce que le geste du créateur dans lequel se mêle doute et certitude, souffrance et bonheur est admirablement bien retranscrit.  

Saint Laurent Saint Laurent
Saint Laurent

Saint Laurent (Bertrand Bonello, 2014)

 

 La vie d'Yves Saint Laurent n'a jamais vraiment retenu notre attention, contrairement aux œuvres de Bertrand Bonello dont le dernier opus, L'Apollonide, était excellent. Aussi sommes-nous allé voir la biographie filmée du célèbre grand couturier. Le cinéaste couvre un peu plus d'une décennie de de Saint Laurent (de la création de la robe Mondrian en 1965 au défilé Ballets Russes en 1976). Aller-retours temporels, scènes de boîte, de nuits de débauche… Bonello réalise un film d'une beauté formelle stupéfiante surpassant sans difficulté les films vus cette année (à l'exception d'Under The Skin de Jonathan Glazer). Mais ce qui fait la force du film est sa faculté à décrire le geste artistique. Ne doutons donc pas que le cinéaste a mis beaucoup du sien dans celui de l'icône interprétée par un Gaspard Ulliel fantastique. Le monde qui l'entoure pourra aisément figurer celui du cinéma : sa collaboratrice Loulou de la Falaise (Léa Seydoux) comme scénariste, le mannequin Betty Catroux (Aymeline Valade) comme actrice fétiche… Et Bergé (Jérémie Renier) comme producteur, régulant l'artiste. Ainsi lorsque, la passion destructrice avec Jacques de Bascher (Louis Garrel) semble ligoter l'inspiration du couturier, c'est Pierre Bergé qui vient sèchement rétablir l'équilibre. Dans un mélange de jalousie, de calcul et de volonté de sauver son compagnon, Bergé se révèle un être complexe, puissant mais dépassé par l'aura de Saint Laurent qu'il admire et contrôle dans la mesure du possible. Le grand couturier n'est plus un homme, c'est une silhouette surnaturelle, une créature hybride, à la fois marque de parfum et génie du prêt-à-porter.

Jérémie Renier et Gaspard Ulliel

Jérémie Renier et Gaspard Ulliel

Le cinéaste arrive à récréer l'espace mental du créateur. A travers cette immense faune, Saint Laurent bâtit une flore composée de drogues, de colifichets, d'un champ de noirs souvenirs (son enfance, son service militaire, son chien mort…) l'enfermant dans une bulle qu'il renforce perpétuellement mais dont il cherche à s'échapper. La confection d'une collection est alors une potentielle porte de sortie. Mais la bulle, c'est Saint Laurent, l'œuvre décrivant un cercle s'ouvrant et se fermant dans un hôtel parisien transpercée par des flashbacks et des flashfowards, ces derniers, qui se manifestent dans l’ultime partie, révélant un Saint Laurent (Helmut Berger) figé dans la mémoire de sa glorieuse décennie. Ils annoncent le grandissime défilé de 1976. Pour y arriver, il nous a semblé que Bertrand Bonello prenait peut-être un peu trop son temps, surtout quand Bascher n'est pas là. Mais il nous est pourtant difficile de trouver ce qu'il y aurait de trop.

 

nolan

 

Note de nolan: 4

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