World War Z
Souvent fatiguant, parfois tendu juste ce qu’il faut, World War Z reste, par son absence chronique d’intelligence, un mauvais film de zombie. Par là-même, il est aussi un divertissement vraiment bas-de-gamme.
« Le mouvement, c’est la vie », déclare, sans emphase d’ailleurs, notre héros (Gerry Lane – Brad Pitt). Il n’a pas foncièrement tort mais encore faut-il que ledit mouvement ne soit pas tout à fait brownien. Or, dans ses scènes d’action censément les plus spectaculaires, World War Z devient terriblement brouillon. L’entame, notamment, lors de laquelle Lane est lesté de sa femme (Mireille Enos) et de ses deux filles (Sterling Jerins et Abigail Hargrove) – heureusement vite abandonnées sur un anonyme porte-avions (mais qui seront régulièrement jointes au moyen d’un portable antédiluvien) –, est presque insupportable par sa frénésie continue. Un peu plus posé par la suite, le film soulève tout de même régulièrement les haut-le-cœur. Néanmoins, force est d’admettre que lorsqu’il travaille, plus simplement, le passage entre le calme et la tension, Mark Foster s’en tire avec les honneurs. Las, ce classicisme ne semble pas devoir être dans les standards du pop-corn movie actuel. On le regrette en appréciant ce qui peut l’être dans ce World War Z… Au-delà, le principal problème de cette œuvrette sans prétention aucune fors la détente du spectateur et le profit du producteur réside dans la sous-exploitation chronique de son thème. Tout film de zombie qui se respecte ne peut, surtout après les divers opus de George A. Romero, faire l’économie d’un minimum de réflexion sur son antihéros. Ici, pourtant, la nature du mort-vivant n’est jamais mise en question. Il ne surgit pas des marges, n’existe quasiment qu’au travers de flux massifs. Privé d’emblée de la moindre individualité, il ne peut lutter pour la conquérir. Il n’incarne pas le refoulé, est à peine un double qu’il faut annihiler. L’abandon rapide de la quête du ‘‘patient zéro’’ signe l’inégalité absolue de condition entre l’homme et le zombie. Le premier peut, dans un dernier festival pyrotechnique, tuer le second sans remords, ni regrets. Ce n’est pas réactionnaire, juste parfaitement inconscient. Cela reviendrait-il, plus ou moins, au même ?
Antoine Rensonnet
Note d’Antoine Rensonnet : 1
En super papa, Brad Pitt paraît bien falot par rapport au père défectueux que jouait Tom Cruise dans La Guerre des Mondes (Steven Spielberg, 2005), film qui semble avoir plus inspiré l’éclectique mais bien sage Marc Foster que les opus de George Romero. Ainsi World War Z n'a rien à dire. Ses zombies ne constituent pas une métaphore sociale. Il y a vaguement un motif écologique décrit dans le générique d'ouverture mais tout le monde s'en fout. Si le film n'est pas drôle comme Zombieland (Ruben Fleisher, 2009), il propose quelques moments potaches rares mais réussis : notamment la disparition rapide du scientifique capable de sauver le monde et qui se tue accidentellement, le chant de paix entre Israéliens et Palestiniens qui provoquera la chute de Jérusalem, ou encore un placement produit Pepsi filmé pour ce qu'il est – de la pub. Mais ces traces d'humour marquent aussi la difficulté que le cinéaste a pour trouver le ton de son film : sérieux mais pas trop, effrayant mais pas interdit au moins de douze ans, spectaculaire mais aussi intimiste… Bref après deux tiers très toniques et des scènes ultra-spectaculaires – dont le montage nerveux et frénétique est, malgré un léger sentiment de confusion, un véritable atout – le métrage verse dans le huis-clos. Cette dernière partie est un relatif échec, souffre d'un manque d'originalité en ne rendant pas le centre médical oppressant et constitue le seul moment où les effets spéciaux ne peuvent compenser l'absence de talent. Au final, World War Z est un film oubliable mais suffisamment distrayant pour tromper l'ennui.
nolan
Note de nolan : 2
World War Z (Mark Forster, 2013
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