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Pacific Rim

25 Juillet 2013 , Rédigé par nolan Publié dans #Critiques de films récents

Le film du cinéaste mexicain ne s'embarrasse pas d'un quelconque embryon de discours à l'image de la plupart de ses homologues blockbusters(1) mais se révèle d'une part très spectaculaire et d'autre part très joli. On est plutôt content.

Un Jaeger

Un Jaeger

A n'en pas douter, Guillermo Del Toro a dû montrer patte blanche pour avoir l'opportunité de diriger cette grosse production. Après deux échecs sur de gros chantiers – il s'est vu retirer la réalisation du Hobbit (prise en charge par le producteur, Peter Jackson – 2012) et celle des Montagnes Hallucinées (adaptation, qui reste en suspens et à laquelle le cinéaste mexicain reste attachée, de l'œuvre d'H.P. Lovecraft – 1936) –, la Warner lui confie la réalisation de Pacific Rim qui voit s'affronter des Jaegers (d'immenses robots pilotés par un couple de pilote reliés par l'esprit) et des Kaïjus (de non moins gigantesques dinosaures venus de l'océan Pacifique et peu respectueux du plan local d'urbanisme de l'humanité). Aussi Del Toro limite-t-il fortement son ambition à travers un scénario à grosses ficelles (parlons plutôt d’énormes cordages pour reprendre l'expression de Pierre Desproges) mais rythmé, peuplé de personnages archétypaux sympathiques (Idris « Stringer Bell » Elba cabotine joyeusement en général autoritaire et paternaliste) ou pas (l'insupportable Charlie Day qui joue un savant... insupportable mais censé être drôle). Conséquemment il n'exploite pas ou peu les pistes ouvertes notamment par le pilotage télépathique des Jaegers.

La perplexité interprétée par Rinko Kikuchi, Idris Elba et Charlie Hunnam

La perplexité interprétée par Rinko Kikuchi, Idris Elba et Charlie Hunnam

Toutefois, puisque mon acolyte se charge de l'aspect respectable de ce blog, n'ayons pas peur d'écrire que nous aimons le Del Toro de Blade 2 (2002), qui offrait sur la base d'une histoire simplissime, un shot d'action réjouissant(2). Et sur ce point, le réalisateur n'a pas perdu la main. Son regard se fait d'une grande pertinence quand il s'agit de représenter le gigantesque. Il sait jouer sur la notion d'échelle et par le biais des pilotes enfermés dans la tête de leur robot, faire entrer le spectateur dans l'écran. Il y a, en tout et pour tout, trois attaques de Kaïjus dans le film et, dès les premières secondes, dans un furieux déchainement sonore, le spectateur est pris dans l'intensité des combats sans ressortir lassé deux heures plus tard. On regrettera toutefois la signature musicale répétée à l'envi et assez agaçante. Bref, on se tape dessus, on s'écrase, on se déchire, c'est assez exutoire.

 

"Alors on vient de me donner les lignes de dialogues... Je pense que c'est une blague." Guillermo Del Toro face à Idris Elba et Robert Kazinsky

"Alors on vient de me donner les lignes de dialogues... Je pense que c'est une blague." Guillermo Del Toro face à Idris Elba et Robert Kazinsky

Mais ce qui fait que le film dépasse ses homologues de l'été, puisque ces derniers souffrent des mêmes défauts de construction que Pacific Rim, c'est sa réussite visuelle. Sur ce point, l'ambition de Guillermo Del Toro nous a paru élevée et le résultat à l'écran est, admettons-le, épatant. Le film – qui mélange autant l'animation que les prises de vue réelle – marie les couleurs chaudes aux géants de fer et froides aux monstres marins. Cet aspect « sucré-salé » reste toujours un plaisir pour les yeux. Les néons hongkongais d'un film toujours plongé dans la nuit et sous la pluie font merveille. On pense à la séquence à Shanghai dans le dernier James Bond (Sam Mendes et photographié par Roger Deakins, 2012) ou au remake (certes foireux) de Total Recall (Len Wiseman et photographié par Paul Cameron, 2012). A ce titre, on retient la réussite graphique de la séquence du souvenir de Mako (Rinko Kikuchi) attaqué par un Kaïju alors qu’elle était petite fille. Pacific Rim, aussi modeste dans son propos qu'audacieux dans ses images, est finalement un bon produit.

 

nolan

 

Note de nolan : 3

Note d'Antoine : 2

Un simple contrôle d'identité d'un Kaiju dégénère après que le Jaeger ait utilisé le mot "biatch" en parlant de la compagne du monstre

Un simple contrôle d'identité d'un Kaiju dégénère après que le Jaeger ait utilisé le mot "biatch" en parlant de la compagne du monstre

(1) Un rapide coup d'oeil sur les notes relatives à Iron Man 3, World War Z, Man of Steel, Star Trek Into Darkness et Fast and Furious 6 ne vous convaincront pas du contraire !

(2) Cet exercice a ses limites (voir la note sur The Raid) et est bien souvent raté (comme le témoigne par exemple le lamentable Hyper Tension).

 

Pacific Rim (Guillermo Del Toro, 2013)

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O
For me Pacific Rim was one of the best robotic movies released in Hollywood. Interestingly the move got bad opinion from a major section of people. Even though the storyline was routine, but the treatment was entirely different from other robot movies.
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A
De manière générale, je suis assez d'accord avec toi sur les aspects positifs du film : la réussite incontestable de son versant spectaculaire (évidemment primordial dans une telle entreprise), sa supériorité manifeste sur les différents blockbusters récents (Wolverine ne nous démentira point)...<br /> <br /> Mais je suis, par contre, beaucoup plus gêné pour pleinement profiter de ces réelles qualités. J'ai, en effet, l'impression que ce n'est pas du cinéma et que, en même temps, c'est le futur du cinéma donc, plus ou moins, sa mort. Tout est concentré autour de quelques séquences-clefs, principalement les combats entre les gros robots et les dinosaures géants mais aussi, comme tu le soulignes, celle de la nuit hong-kongaise (que je relierai plus volontiers à Blade Runner). Esthétiquement réussies, elles exploitent, de façon maximale (ou, puisqu'elles seront nécessairement dépassées, tentent véritablement de le faire en s'en donnant les moyens - quelle que soit l'acception du terme), les possibilités techniques du cinéma, notamment de la 3 D. A ce titre, le choix de mettre en scène des objets surdimensionnés s'inscrit clairement dans cette perspective.<br /> Mais, au-delà, il n'y a plus rien. De ce point de vue, Pacific Rim et Del Toro font d'ailleurs montre d'une certaine honnêteté, autant que d'une incroyable légèreté, en faisant pas le moindre effort pour cacher le vide. Le scénario est filiforme, plus encore la construction des personnages est d'une extraordinaire indigence, et, hors les séquences centrales déjà évoquées, le traitement esthétique est beaucoup plus relâché.<br /> <br /> Pacific Rim n'existe donc pas en tant que film au sens classique, il ne forme pas un tout, entre les scènes d'action, rien ne compte, les espaces interstitiels n'ont pas vocation à être comblés. En ce sens, il s'apparente à du cinéma pornographique, n'est d'ailleurs pas loin de l'être au sens premier du mot. Ce point atteint, il n'est plus que deux solutions :<br /> - soit revenir en arrière, vers ce qu'on appelait le cinéma,<br /> - soit aller plus loin et ne plus proposer qu'un pur spectacle dans des séquences où se combattent ou se poursuivent (ou quoi que soit d'autre qui provoque une sensation quelconque) plusieurs protagonistes immédiatement reconnaissables à quelques traits (robot, monstre, super-héros, vaisseau spatial...) et jamais définis plus avant.<br /> En tout cas, Pacific Rim ne propose, au mieux (façon de parler), qu'un modèle transitoire.<br /> <br /> Je sais, certes, que le cinéma de pur divertissement - ou conçu comme tel - a, sinon toujours existé (d'une certaine manière, il est la forme primitive du cinéma), du moins toujours été une tentation mais il ne me semblait pas s'être encore réalisé dans son projet à ce point. Ce n'est d'ailleurs pas la 3 D en elle-même qu'il faut incriminer que la place de la technique. Le cinéma de divertissement - celui qui remplit les salles et fournit toujours les bases d'un modèle économique viable au cinéma dans son ensemble - ne conçoit plus aujourd'hui son évolution qu'en termes de déferlement technique, d'où la victoire, définitive semble-t-il, de la 3 D (combien de blockbusters en 2 D ces deux ou trois dernières années ? A part, The Dark Knight Rises, je n'en vois aucun). Ce faisant, la valeur affectée à chacun des pôles du triangle fondateur du cinéma, art, technique et industrie (de spectacle), se trouve remise en cause. Dans le blockbuster actuel, le pôle &quot;art&quot; n'a plus de place. Il n'est peut-être pas indifférent que celui qui l'admette le plus crûment, Guillermo Del Toro donc, ne soit pas le moins doué des faiseurs hollywoodiens. Symétriquement, on peut craindre un cinéma ''d'auteur'' - cela, toujours, l'a attiré - qui tiendrait la technique, voire l'esthétique, pour quantité négligeable au seul profit des personnages. En tout cas, l'unité du cinéma, peut-être jamais autant que depuis l'avènement du parlant, est menacée parce qu'Hollywood évolue désormais, et de façon de plus en plus accusé, à un rythme différent du reste de la planète. Or, Hollywood a vocation à être, tout à la fois, une locomotive, l'enregistreur le plus précis des différents mouvements sismiques apparus aux quatre coins du monde et un miroir déformant de l'ensemble du cinéma...
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N
Hé hé mais on dirait bien que j'ai dit une belle connerie dans mon petit 4 !!
N
Un commentaire sur ton commentaire/note : <br /> 1/Sur le futur du cinéma, tu rejoins en partie l'avis de notre très estimé collègue de la Kinopithèque qui parle de point de non-retour dans les blockbusters. <br /> 2/Sur la pornographie, c'est un aspect dont je parle dans ma note sur The Raid mais qui m'a semblé ici beaucoup plus digeste. <br /> 3/Sur la victoire de la 3D, ton point de vue m'intéresse particulièrement car je ne vois que très très peu de films sous ce format et pour cause, MK2 ne propose que quelques séances en 3D sauf peut-être en première semaine de diffusion mais s'arrange toujours pour laisser un large choix au spectateur. Aussi, j'ai du mal à mesurer l'impact de cette technique, effectivement ultra répandue (en sus de TDKR, il y a Skyfall en 2D mais c'est vrai que c'est peu) mais dont la diffusion effective en 3D mérite peut-être d'être relativisée. <br /> 4/On peut donc espérer que des cinéastes comme Mendes, Nolan ou Cuaron continuent d'avoir des ambitions artistiques pour les films de divertissement quitte à être démesurées comme tu le reprochais au dernier Batman. Même si pour Cuaron, je prédis un échec commercial retentissant pour son très alléchant Gravity.
F
Tout à fait d'accord. Le charme visuel rattrape et excuse la faiblesse du scénario.
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N
:-)
B
La musique est effectivement particulièrement &quot;casse bonbons&quot; !<br /> <br /> J'ai crû lire que Tom Cruise aurait pu / du jouer le rôle du général, hum c'est douteux.<br /> <br /> Bref, au-delà des qualités esthétiques du film, je trouve qu'il a aussi un certain souffle qui fait bien défaut aux supermaneries et autres startrekeries.
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N
J'ai préféré le film de JJ Abrams tout de même.
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