Bilan cinématographique 2013 par Antoine
2013 est finie. Retour sur l’année des Ames vagabondes, l’un des plus mauvais films de l’histoire du cinéma, des excellents Django Unchained et A Touch of Sin et d’errements divers et variés.
Bilan 2013
Qu’il me soit permis de commencer par la fin soit par le plus mauvais film de 2013. Il ne faut pas y voir un quelconque symbole d’une année par ailleurs souvent décevante mais juste un choc. J’ignorais, en effet, que des productions aussi exécrables que Les Ames vagabondes pouvaient exister. On apprend donc à tout âge… En tout cas, au regard de cette catastrophe, les quarante-cinq autres films découverts en salle apparaissent tous de qualité au point que, sur une échelle logarithmique, il y a sans doute une distance bien moindre entre le meilleur et l’avant-dernier (le nullissime Hitchcock). Et, à côté de ce qu’a signé Andrew Niccol (qui n’a probablement pas fait grand-chose d’autre que parapher un contrat), les égarements de quelques valeurs plus ou moins sûres – Ridley Scott, par exemple – semblent bien faibles.
Mais on ne saurait juger un ensemble à l’aune d’une exception. Alors, 2013, à part Les Ames vagabondes ? Cela a beau avoir commencé (Django Unchained) et s’être achevé (A Touch of Sin) en fanfare, ce fut, comme le remarque ce cher nolan, assez rarement emballant. Me concernant, il est vrai que je porte une responsabilité écrasante. Combien de produits de consommation mal décongelés – thrillers, films de superhéros, comédies françaises – ai-je ingéré en toute connaissance de cause ? Je renonce à faire le compte et ne souhaite pas plus m’épancher sur certaines raisons, toutes personnelles, de cette dérive vers la facilité… Au-delà, deux des causes de ces replis conjoints – du cinéma et du spectateur que je suis – doivent être évoquées :
- d’une part, beaucoup de films, y compris réussis, se résument à leur concept. Une idée, souvent esthétique, les guide. Elle devrait se suffire à elle-même et provoquer un éblouissement continu. Or, les films-concepts oublient que le cinéma est un art total et sont dévorés par leur propre vide. Faute de révolutionner quoi que soit, ils ne sont pas pleinement satisfaisants et, au mieux, restent au stade de la proposition intéressante. Quels que soient leurs mérites respectifs, Gravity, Only God Forgives, Spring Breakers et bien d’autres émargent dans cette catégorie. Mais le plus représentatif en est un pur blockbuster. Ainsi, le Pacific Rim de Guillermo Del Toro se veut une exploitation maximaliste des possibilités offertes par la 3D. Le défi est relevé et conduit à un néant presque absolu…
- d’autre part, conséquence ou non de la crise économique – et peut-être, pour certains, mauvaise conscience de ne pas y être confronté –, le thème majeur de l’époque est l’argent. Il est, admettons-le, porteur et permet à Jia Zhang Ke d’ausculter les mutations contemporaines ou, plus prosaïquement, à Steven Soderbergh d’offrir son meilleur opus depuis des lustres. Seul problème, il n’invite pas spontanément, malgré la tentative de Martin Scorsese (plus centrée sur la drogue, à la vérité) à la gaieté. Saisis par la gravité, les frères Coen – bien éloignés de la dèche joyeuse de The Big Lebowski – et Woody Allen y laissent quelques plumes.
Bref, plus que de grandes envolées, 2013 aura manqué de solidité et de légèreté. Par simple contraste, Django Unchained l’emporte alors plus aisément encore que prévu.
Antoine Rensonnet
Top 10
1) Django Unchained (Quentin Tarantino)
2) A Touch of Sin (Jia Zhang Ke)
3) The Grandmaster (Wong Kar Wai)
4) Inside Llewyn Davis (Joel et Ethan Coen)
5) Ma vie avec Liberace (Steven Soderbergh)
6) Snowpiercer : le Transperceneige (Bong Joon-Ho)
7) Passion (Brian de Palma)
8) Mud (Jeff Nichols)
9) Gravity (Alfonso Cuaron)
10) Only God Forgives (Nicolas Winding Refn)
Plus mauvais film de l’année : Les Ames vagabondes (Andrew Niccol)
Pas vu, pas grave : La Vie d’Adèle (Abdellatif Kechiche)
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